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Drahla

Paris, Point Éphémère - 3 juin 2024

Live-report par Jean-Christophe Gé

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Le printemps parisien ressemble enfin à quelque chose d'agréable et les quais du canal Saint-Martin prennent des allures de week-end. Sympa pour un lundi ! Pour débuter la soirée, nous assistons au tout premier concert de Schøøl, side-project constitué de membres de plusieurs autres groupes : Francis Mallari du plus cold des groupes français, Rendez Vous, qui vient de sortir son deuxième album, l'Américaine Erica Ashleson (Special Friend, Dog Park), Alex Battez (Marble Arch) et l'Australien Jack Moase (Liquid Face).


Dès les premières notes, les guitares font penser aux premiers Ride ou à My Bloody Valentine. L'ambiance sur scène est très décontractée, avec un chant à la limite du je-m'en-foutisme et sans complexe pour un accent français dont la tonalité très plate se prête particulièrement au shoegaze oldschool. Le guitariste joue même une Fender Jaguar, celle-ci rentre parfaitement en résonance avec la basse et la batterie alors que la voix éthérée de la bassiste fait un bon contrepoint.
Noyées dans la disto, les mélodies se font une bonne place et les chansons fonctionnent. On ne croirait pas assister à un premier concert, les musiciens qui ont de l'expérience jouent avec détermination un set impeccable : de bonnes chansons interprétées avec une émotion partagée jusqu'au final Chevalier très trippant. Même les guitares sont engagées avec leurs stickers "skaters against genocide" !


Après une petite pause, Drahla montent sur scène sur la BO de Breakfast At Tiffany's. Un choix étonnant compte tenu du contraste des époques et des ambiances, mais aussi de ce qui se révélera l'unique occasion d'entendre des cuivres pendant ce concert. En effet, le saxophone si emblématique de leurs chansons est absent ce soir. Drahla sans saxophone, c'est un peu comme Tool avec une boîte à rythmes ou une interprétation acoustique de Sonic Youth : on reconnait les chansons, mais leur intensité en est fortement réduite.
Le groupe donne tout ce qu'il a, ça joue fort, tendu et sérieux. Le microphone du bassiste n'aura d'ailleurs pas tenu un titre, un violent coup de manche l'aura envoyé à terre avant la fin de Under The Glass. Dans ce mix la basse est littéralement dévastatrice.

La batterie martiale garde les musiciens en rang. Alors que Form Of Luxury se met doucement en place, un changement de tempo met brutalement fin à l'intro et envoie tout le groupe en orbite. Le public suit poliment, la fosse oscille dans un sage déhanchement : j'ai vu des salles à Londres qui seraient parties en mosh pit pour moins que ça, mais je ne vais pas m'en plaindre. Étonnamment, sur scène, le son de Drahla est très assagi, et les chansons finissent par se ressembler et s'enchaîner un peu mécaniquement. Il y a quelque chose d'industriel et de robotique dans leur musique, mais ce n'est pas vraiment cet effet là qui est recherché.
Le set qui devrait sentir le soufre et l'acier incandescent avec ce post punk-rock ravageur sent en fait le caramel et la brise océane artificielle, comme si la porte des toilettes était trop proche de la cuisine. C'est le cadeau d'un petit cochon qui suce goulument sa vapote pour imprimer sa marque sur un set qui peine à décoller.


C'est finalement la section rythmique qui porte réellement la prestation : le batteur peut en une mesure réveiller les guitaristes et les pousser dans leurs retranchements alors que la basse est incisive et mordante. Un morceau aux accents cacophoniques comme Second Rhythm rend particulièrement bien, et arrive à vous faire planer tout en vous clouant au sol. Toute la magie de Drahla, quand elle opère. Dans ce morceau on entend d'ailleurs un saxophone, enfermé dans un sampler pour renforcer l'effet claustrophobique du morceau.

Avec la montée progressive de Grief In Phantasia, une partie de la fosse est entraînée dans un pogo bon enfant. Comme pour calmer le jeu, les membres de Drahla commencent Fictional Decision accroupis, mais ce n'est que reculer pour mieux sauter, la basse montant dans les tours et les guitares devenant plus tranchantes. Luciel Brown annonce qu'il ne reste que deux chansons à jouer, le set a défilé bien vite. React/Revolt est proposé dans une version très brute, avant de finir en apothéose sonore sur Invisible Sex et de quitter la scène laissant derrière eux un larsen persistant et un public qui en réclame davantage.

Le groupe reviendra pour Twelve Divisions Of The Day : un dernier pogo et un dernier au revoir.
setlist
    Under The Glass
    Form Of Luxury
    zig‐zag
    Concrete Lily
    Stimulus For Living
    Talking Radiance
    Second Rhythm
    Lipsync
    Default Parody
    Grief In Phantasia
    Fictional Decision
    React/Revolt
    Invisible Sex
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    Twelve Divisions Of The Day
photos du concert
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