The Bug Club

Vous la ressentez cette drôle de sensation ? Comme une impression de dédoublement du corps : une partie de notre être encore en bermuda et Birkenstock (oui, tout le monde en a une paire, ici aussi la qualité allemande fait ses preuves), à déguster encore de la pastèque en tentant de capter les dernières chaleurs, et l'autre déjà en train de plier dans la malle les maillots de bains, nattes de plages et autres nécessaires à Molky, tout en ressortant les chemises à manches longues de la penderie. C'est avec ce sentiment ambivalent que nous abordons la dernière véritable semaine estivale du mois d'août, et pour ne pas nous précipiter trop vite vers ce qui sera notre quotidien tristounet jusqu'aux prochaines vacances de la Toussaint, nous donnons ainsi rendez-vous à l'un des groupes qui a ambiancé nos soirées camping, notamment grâce aux suggestions des excellentes playlist de Sound Of Violence.


Direction le Point Ephémère, allié de tous les Parisiens qui souhaitent encore goûter aux terrasses conviviales au bord de l'eau, pour enfin rencontrer sur scène The Bug Club. Souvenez-vous, à la mi-juin, lorsque nous commencions justement à sortir la fameuse malle du fond de l'armoire, nous découvrions cet incroyable duo gallois, composé de Sam Wilmett et Tilly Harris qui, loin d'être des débutants, nous offraient alors leur quatrième album studio Very Human Features. Un disque nous ayant automatiquement convaincus, et qui nous a permis depuis de rattraper notre retard concernant le rock délicieusement foutraque de nos amis.

Le cadre est posé : nous assistons à une représentation coup de poing, sans aucune pause, du fait d'un répertoire déjà fourni et, surtout, grâce à des morceaux tous d'une durée entre une minute trente et deux minutes vingt, autant dire une salve de petits obus rock pétillants à souhait, qui mis bout à bout ne laissent de répit à personne. Sam et Tilly, accompagné d'un batteur, prennent possession de la salle face à un public constitué en majorité de joyeux vacanciers goûtant aux dernières joies des concert d'été. Ce pourquoi l'ambiance est instinctivement joyeuse, les présents ayant envie de tout donner pour saluer cet été qui aura été clément niveau températures et ensoleillement.
La setlist sera composée d'une majorité de titre du dernier disque, avec une bonne part également dédiée au précédent opus On The Intricate Inner Working Of The System. Difficile ici aussi de reconnaître parfaitement qui est quoi, la vitesse à laquelle The Bug Club enchaînent leurs compositions étant impressionnante. Ce qui nous enchante dès les premières minutes est la joie qui irradie des trois musiciens sur scène : sourires éclatants et regards complices, voilà une formule qui fait chaud au cœur, en plus de nous faire dégouliner de toute part tant le Point Ephémère se transforme en quelques dizaines de minutes en fournaise. On regrette un petit peu qu'en plus du sol nouvellement repeint, nos amis du Canal Saint-Martin n'aient pas rebranché la climatisation, mais tout cela fait parti du jeu ce soir, et ne semble en aucun cas gêner les vagues successives de pogoteurs.


On réussit cependant à percevoir dans ce joyeux bordel quelques morceaux qui nous avaient tapé dans les esgourdes lors de la chronique de ce Very Human Features tels Jealous Boy, Beep Bop Computers, l'excellent How To Be A Confidante et le plus posé Appropriate Emotions, avec le chant délicat de Tilly. Mais ce sont bien quand nos deux compères chantent en duo que nous préférons The Bug Club, et leur camaraderie non feinte est un régal pour les yeux, ainsi que les oreilles. Les petites fusées rock indie se transforment en gros pétards punk, on sent comme une surcouche de puissance dans l'interprétation, ce qui fait atteindre à la salle une température plus que caniculaire. Les musiciens tout aussi en nage que le public apprécient et accélèrent la cadence pied au plancher tout au long du set, s'abreuvant de cette énergie et de cette générosité qui émane de la fosse.

On ressort donc du Point Éphémère tout simplement trempés, heureux comme des papes de ce qui sera soit le dernier concert estival, soit le tout premier de la rentrée, dans tous les cas un retour aux affaires plus que réussi qui nous aura mis la patate nécessaire pour le retour à l'école ou au boulot, voir les deux pour les lecteurs profs ou parents d'élèves !