The Sunshine Underground
The Bishops

Pour leur court passage en France, The Sunshine Underground reviennent à Rennes après leur prestation remarquée aux Transmusicales en décembre dernier. Ils sont, ce jeudi 24 mai, accompagnés des Bishops, eux aussi présents aux Transmusicales 2006 et sur scène il y a deux jours au Nouveau Casino de Paris pour des performances où perdure l'attitude rock.

Toujours aussi classes, The Bishops entrent en scène munis d'un Higher Now aux refrains scandés en choeurs. Mais derrière les « higher now » et « yeah yeah » inoffensifs se cachent une batterie carrée et une guitare précise. Et évidemment l'inévitable solo impérieux qui maintient le rock'n'roll en vie. À chaque chanson son passage solo soigné mais maladif comme on change sa brosse à dents tous les trois mois. C'est à la fois régulier et nécessaire, et des chansons comme Life In A Hole et Breakaway prouvent qu'on en est vraiment dépendant.
Plus loin, la précision rythmique de I Can't Stand It Anymore rappelle le meilleur de The Coral, c'est précis et accrocheur, proche de la perfection. On a l'impression de vivre ce qu'on a raté des années 70. Ce que nos parents ont pu voir, des Kinks aux Jam, on a la chance de les voir nous aussi, de connaître ces moments privilégiés de l'histoire du rock. The Bishops réalisent une reconstitution quasi fidèle de tous ces groupes mythiques dont on n'a pas pu vivre les lives. Du direct The Only Place I Can Look Is Down au lumineux In The Night (aka Dans La Nuit dans un français impeccable !), le groupe délivre un show où la sueur coule quand bon lui semble et le chaos est connu sur le bout des doigts.
L'image que renvoie le trio est entièrement maîtrisée, même durant la passionnée Lies And Indictments/Sun's Going Down où le même riff héroïque, puissant et puisant dans ce que le rock a produit de mieux en la matière, dessert les deux chansons sur des breaks redoutables (pour Lies And Indictments) et un refrain irréprochable (pour Sun's Going Down).

Après une courte demi-heure, c'est au tour de The Sunshine Underground de nous faire revivre, non pas cette fois-ci les temps forts du rock, mais leur excellente performance aux dernières Transmusicales. « We're here for the first time on our own » annonce Craig Wellington avant de jouer les premières notes de Put You In Your Place. C'est alors un groupe plus en forme que jamais qu'on retrouve ce soir-là à l'Ubu, et aussi plus mature et chevronné, le groupe jouant de leurs instruments avec un enthousiasme communicatif et une aisance absolue.
Du chant solennel aux cris pénétrants, c'est un Craig Wellington exalté qui s'empare de la salle. Borders, Dead Scene, I Ain't Losing Any Sleep, le groupe délivre une prestation survoltée en enchaînant les tubes électriques sans le laisser paraître. Car c'est au final un show véritablement dansant qui se produit devant nous. The Sunshine Underground parviennent au moyen de leurs instruments basiques à créer un condensé de funk et de house acharné absolument irrésistible auquel vient se frotter le lyrisme euphorisant du leader qui, notamment sur Commercial Breakdown et la nouvelle Fall In Line, semble totalement invincible, à la fois ténor écorché et baryton rugueux dans un genre d'opéra désincarné, sans tomber un seul instant dans l'emphase ou la caricature. Probablement parce que The Sunshine Underground savent qu'ils ne sont pas les sauveurs du rock – même si on se surprend parfois à y penser comme sur l'imposant The Way It Is.
Le rappel, après la seconde nouvelle composition Baggy qui promet décidément un second album aussi exceptionnel que le premier, fait la part belle au grandiose Raise The Alarm et ses percussions déjantées pour un final tout simplement explosif.

Grand concert donc que nous livrent les deux groupes ce 24 mai à l'Ubu de Rennes. Alors qu'on pense avoir atteint des sommets avec The Bishops, The Sunshine Underground apportent leur nuage d'extravagance disco et de généreuse sincérité pour nous emmener plus haut encore.