Lorsque l'on fait référence à Funeral For a Friend, les probabilités sont infimes pour un fan de ne pas citer le passage du groupe à la Boule Noire deux ans auparavant. Les Gallois nous avaient offert l’un des lives les plus intenses qu’ait connu ce petit endroit à deux pas de la Cigale. Depuis, des doutes s’installèrent : la sortie d’un Tales Don't Tell Themselves beaucoup plus pop-rock que ses prédécesseurs et à des années lumières des premiers EPs, ainsi qu’une discrète première partie de My Chemical Romance en avril dernier. Auraient-ils perdu cette énergie, cette fraicheur dans la scène Post-Hardcore britannique ?
C’est sans surprise que la première partie, Revolution Mother, commence son set devant une salle à moitié remplie. Les américains dirigées par le célèbre Mike Vallely (bien plus reconnu pour sa carrière dans le skate et son passage dans Viva la Bam que derrière un micro) peinent à convaincre. Du rock pur et dur : ça fait des doigts et ça dit des injures. Nul doute que les français ont été quelque peu sous estimés par la bande, mais on apprécie néanmoins le passage du guitariste dans la fosse afin de créer un certain contact avec les kids.
Funeral For a Friend investissent logiquement la scène sous les cris des premiers rangs au retentissement de l'intro d'Into Oblivion. S’en suit un set hétérogène, entre ancien et nouveau, durant lequel le groupe arrive à faire varier les plaisirs. Après un rapide sondage, nul doute que la salle est en grande partie remplie pas des fans de la dernière heure, ce qui expliquera qu’une bonne partie d’entre eux découvre ce soir les chansons qui ont fait le succès des gallois. L’interaction est optimale, du maintenant habituel « voulez-vous couchez avec moi? » vite transformé en jam avec la bande à la plus atypique chorégraphie improvisée lors de The End of Nothing ou encore le refus catégorique suite à la requête de jouer The Art of American Football ce soir.
Le chant est bien mieux maîtrisé qu’auparavant, aucune fausse note n’est à signaler même dans les parties les plus délicates des dernières chansons. D’une She Drove Me to Daytime Television très énergique à une History où le groupe cherche le fan qui refuserait de taper dans ses mains : l’enchaînement est très bon et on en oublie presque le contraste pourtant omniprésent entre les différents enregistrements. Escape Artist Never Die annonce la fin de la soirée avec une sortie assez rapide de Matt et une logique fin instrumentale par ses acolytes. Pas de rappel, les lumières sont déjà allumées et la quête du médiator perdu a commencé pour beaucoup.
Le groupe a évolué, au grand désespoir de beaucoup, mais nous a offert ce soir un live humble, d’une grande qualité et avec un plaisir de jeu bluffant. Voir un groupe de cette envergure en France est un luxe non négligeable, ces conditions étant tout simplement inimaginables de l’autre côté de la Manche. On regrettera quand même la présence d’une seule chanson extraite de Seven Ways to Scream Your Name (This Year’s Most Open Heartbreak) et l’ambiance assez calme de la fosse... mais l'on repart au final avec la conviction que Funeral For A Friend n’a pas tellement changé et qu’en concert, ils restent une référence.