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Coldcut

Paris, Bataclan - 5 avril 2008

Live-report par Arth

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Le Bataclan accueillait pour la deuxième soirée consécutive le festival Ninja Tunes en honneur du travail de Ping Pong, qui s'occupe depuis 10 ans de distribuer les artistes Ninja Tunes en France, une sorte de travail béni par tout les amateurs de musique électronique. Ce soir au programme, Fink, Dj Food, The Heavy, Busdriver, Coldcut, Mike Ladd, New Flesh et un VJ pour les plus vaillants qui braveront le lever du soleil.

La soirée commence mal. Mais ne partons jamais perdants. Une heure de retard et un Fink fixé à sa chaise posée au centre de la scène. Tout le monde est là pour boire et danser, alors forcément un bonhomme qui chante tout seul en claquant les cordes de sa guitare, personne ne respecte. Agacé je préfère fermer les yeux et effacer tout le bruit environnant pour plonger dans sa musique. Une musique douce et amère. Des textes sur la vengeance, sur l'amour et les petits déjeuners. Le public demeure inattentif, un con lui jète une bouteille, il méprise, rien n'y fait, Fink et sa musique religieuse ne convertira pas cette bande d'athées.

J'imagine que c'est un membre de the Heavy qui reprend le flambeau aux platines. Salut tout le monde, est-ce que vous êtes prêt pour faire la fête ? Il enchaîne les plaisirs faciles, Dizzee Rascal, Led Zeppelin, Cypress Hill, une grosse dose de son funk soul. Ambiance sexe. Impossible de résister. Les jambes partent, les corps se frôlent, le whisky monte, la température avec. Ambiance chaleureuse, la salle n'est pas comble, l'espace est charmant. Je n'irai pas jusqu'à faire une petite Napoleon dance mais j'en ai bien la place. Le monsieur aux platines chante par-dessus quelques tubes, nous harangue. Vrai début de soirée à l'ambiance bon enfant. Il faut dire les gens sont sans prétention dans la fosse, l'amour de la musique avant tout.
Busdriver arrive. Seul, avec son allure de Tunde Abedimpe, un costaud garçon au débit « flowidale » impressionnant. Plus d'une fois je me dis « Busta Rhymes est une tortue ». Il s'envole dans des contrées électroniques assez houleuses, distendues, surprenantes. Sa voix monte, descend, accélère, ralentit. Les pieds au bord de la scène, il touche son public bien plus qu'avec sa musique. Un vrai gladiateur.

Le grand moment de la soirée pour moi : Coldcut, ou du moins Matt Black sans Jonathan More, accompagné d'un mec que je ne reconnais pas. Un duo neuf de magiciens qui va me faire partir très loin avec leur VJ. Chaque son, chaque image est parfaite. Là aussi ils n'hésitent pas à user des plaisirs faciles, Killing In The Name de Rage Against The Machine pour la plus marquante des ambiances, forcément des brutalités dans la fosse, et tout le reste, d'un contrôle extraordinaire, une précision sur chaque enchaînement, un amour pour le public, un vrai moment de partage. De notre côté on ne peut que danser, siffler, faire « toi t'es un boss » avec ses doigts en l'air et toute sorte de chose pour exprimer son enthousiasme.

Il est déjà 5h, Mike Ladd doit passer derrière le tourbillon qui vient d'emporter toute notre énergie. La salle se vide. La plupart était là pour Coldcut, ils ont eu raison. J'écoute Mike Ladd, ou Cypress Hill, je n'en sais rien, ça sonne pareil non ? La fatigue monte, je m'assoie dans un coin de la salle, écoute, soupire, écoute, regarde l'heure. Il est temps. Je m'excuse monsieur Ladd.

Moi aussi j'aimerais faire ce genre de soirée pour mon anniversaire, où chaque artiste me dirait « merci arthur, pour le travail formidable que tu fais depuis dix ans, merci du fond du coeur », j'en serais ravi, comme a du l'être Ping Pong. Chaque artiste prenait le temps de les saluer, tout ça n'était pas un prétexte pour organiser une soirée, il y avait cet esprit de fête d'anniversaire, de communauté et de communion entre les artistes, les gens qui bossent autour d'eux et le public. Félicitations pour cette soirée véritable, sincère, et même si mes voeux n'ont pas autant la classe que ceux de Matt Black, bon anniversaire et longue vie à Ping Pong.