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The Shortwave Set

Paris, Maroquinerie - 17 juin 2008

Live-report par Jean-Christophe Gé

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Ce soir là tout était permis. Suivre le football et l’un des meilleurs concerts du siècle, arrêter de suivre le football pour cause d’élimination de l’équipe de France, découvrir un ou plusieurs groupes sur scène, connaître l’apitoiement ou l’extase. Les organisateurs de la soirée ayant pensé à tout cela, le concert est prévu pour 22h30.

Premier constat en remontant vers la Maroquinerie, l’équipe de France n’a pas été brillante, les mines sont allongées et l’esprit n’est pas à la fête. Mais dans cette morosité toute franchouillarde, un petit îlot d’illuminés se crée rue Boyer. Devant la salle est garé un énorme camion immatriculé outre-Manche. Le camion est tellement grand, qu’on se demande comment il a pu se garer ici et comment il a pu décharger son matériel dans la petite maroquinerie. En descendant dans la salle, nous découvrons une scène effectivement chargée. Les Gnarls Barkley qui ont décidé de se payer une mini tournée parisianno-londonnienne à l’occasion de la sortie de leur deuxième album, The Odd Couple n’ont pas pour autant lésiné sur les moyens.

En ouverture pour leur première soirée, Danger Mouse, moitié du groupe invite ses chouchous (et aussi ceux de Sound of Violence), les Shortwave Set. Le trio anglais ne peut se joindre à eux le lendemain pour une deuxième Maroquinerie, ils sont déjà invité par Massive Attack pour leur Meltdown à Londres. Dur.

Plus dur encore, le groupe n’a pas l’air encore complètement à l’aise avec toute cette attention sur eux. Ils n’ont pas l’air très assurés sur scène, d’autant que la voix du chanteur a envie de prendre la poudre d’escampette. Les conditions sont loin d’être réunies pour faire la meilleure première impression à des parisiens réputés durs à satisfaire. Et pourtant, le public accueille leur premier titre et les suivants avec un enthousiasme certain. En à peine sept ou huit morceaux les mélodies et les jolies chansons des Shortwave Set ont captivé tout le monde. Même le groupe est surpris de la vigueur des applaudissements.

Mais cette belle prestation sera vite balayée par ce qui se révèlera une claque musicale et scénique monstrueuse. Alors que les roadies installent l’imposant matériel (batterie, percussions, stands de synthé en millefeuilles, orgue électronique, guitares, basses et tout le toutim) un frisson parcourt le public qui réalise qu’un événement se prépare. Pour détendre l’atmosphère ou pour le karma un autre roadie vient allumer un bâton d’encens sur le moniteur de retour de Cee-Lo. Le show va pouvoir commencer.

Une armée de musiciens débarque sur scène, encravatée et toute de noir vêtu, ils sont jeunes beaux, brillants et complètement dans la partition qu’ils exécutent. Le duo de Gnarls Barkley débarque aussi, Cee-Lo en costume et écharpe de smoking malgré les 40 degrés. Au fur et à mesure que le show avancera il se dessapera petit à petit pour finir en débardeur et pantalon. Le costume de Danger Mouse ne prendra pas un pli, il reste imperturbable et souriant derrière son vieux piano électronique.

La présence du groupe emmené par Cee-Lo est absolument incroyable, c’est un vrai groupe de stars qui vous met la tête à l’envers, vous fait danser et vous fout la chair de poule parce que leurs chansons sont aussi belles et puissantes. Just A Thought est dédié à ceux qui ont acheté leur premier album, je le prends pour une dédicace personnelle car c’est mon morceau préféré, rendu ici dans une version sublissime.

Après Storm Comingn quelqu’un se plaint que le son est trop fort. Un roadie apporte des bouchons... tout le monde est classe dans le team de Gnarls Barkley. Mais Cee-Lo prévient que pour le prochain titre on ne se plaindra pas du son. Et effectivement, c’est au tour de Crazy de remuer le public déjà complètement en transe à presque une heure du matin.

A Little Better et deux rappels plus tard, tout le monde quitte la Maroquinerie avec un sourire béat et des étoiles partout entre les oreilles et derrière les yeux.