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Laura Groves
Noah And The Whale

Paris, Café de la Danse - 18 septembre 2009

Live-report par Kris

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Tandis que l’été indien bat son plein dans la capitale, au Café de la Danse se profile une soirée aux forts accents lyriques et mélancoliques avec la venue de la délicate Blue Roses, accompagnant l’une des sensations anglaises de cette fin de décennie, Noah And The Whale. Le dernier passage à l’automne dernier de ces derniers nous avait laissé une sensation mitigée, entre retenue et inadéquation des attentes du public avec la prestation feutrée du groupe. Un album plus tard, les voici de nouveau, en temps que véritables têtes d’affiche, pour déterminer la qualité scénique de Noah And The Whale.

En cette rentrée, synonyme de reprise du rythme des concerts, le Café de la Danse se voit déjà pris d’assaut dès l’intronisation de Laura Groves et ses musiciens. La salle observera un silence religieux face à une interprétation très solennelle des titres de l’album homonyme Blue Roses de Groves. Une ambiance de pièce tragique s’impose alors à un public pris dans cet élan de sentimentalisme prenant. Minimaliste dans ses arrangements, Laura Groves fait gré de tout cet espace pour décliner une ambiance intimiste et tendre. Parfois, cependant, elle fait tout basculer. D’un trait de voix. Elle rompt. Pour reprendre vie et faire varier ses univers où le silence et le néant viennent servir de décor à ce spectacle nuancé et abstrait.

Cette case blanche proposée par Blue Roses ne pouvait proposer finalement meilleure entrée à l’atmosphère de la musique de Noah And The Whale. Leur précédente prestation manquait de quelque chose, mais l’on ne saisissait pas encore bien quoi. On avait jugé hâtivement que l’absence de Laura Marling mal-ajustait la balance scénique du groupe. Car si en effet, Laura Marling manquait notablement sur scène, son absence, sa présence, sont devenus l’essence même de la remodélisation de la musique de Charlie Fink. De cela est né le fabuleux The First Days Of Spring. De là a découlé une mentalité et une appréhension de l’exercice de la scène, différents pour Noah And The Whale ; finalement déjà présent lors de leur dernier passage. Les instrumentations sont plus lourdes, plus chargées, électriquement. Les ambiances sont plus pesantes et plus posées. Les contrastes vocaux et instrumentaux sont d’autant plus accentués.

Dès les premiers titres, ces ressentis se sont fait évidences. Les titres du dernier album, en majorité dans le set, inspirés par cette mélancolie infinie de Fink, ont imposé peu à peu leurs climats. Si bien que cette dilatation d’émotions est venu teinté insidieusement des titres joviaux pourtant établis (5 Years Time, Shape Of My Heart) d’une vénéneuse nostalgie. Les orchestrations, plus brutes que sur disque, apportaient une touche bien plus rêche à ces dévalements lancinants de sentiments. Pourtant, jamais une once d’amertume n’a semblé venir effleurer ce nuage gorgé de sens et d’émotions. Si les parallèles avec The National se font persistants (Slow Glass, Stranger), Noah And The Whale aura surtout réussi à proposer une œuvre cohérente et abrasive ; les finaux de The First Days Of Spring et My Broken Heart se sont avérés tels de véritables torrents d’un désenchantement poignant.

Blue Roses avait annoncé le ton. Noah And The Whale y aura donné forme, tout en rendant un hommage vibrant à ce fantôme, à cette chimère, muse et figure d’un regret permanent, donnant à The First Days Of Spring la figure d’une allégorie. Celle d’un crève-cœur universel.
setlist
    Give A Little Love
    Blue Skies
    Shape Of My Heart
    Love Of An Orchestra
    Slow Glass
    Our Window
    Two Bodies One Heart
    Five Years Time
    Rocks And Daggers
    Stranger
    I Have Nothing / Hold My Hand
    My Door Is Always Open
    The First Days Of Spring
    ---------
    Jocasta
    My Broken Heart
photos du concert
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