L'album des
Horrors fût l'un des succès de l'année,
Primary Colors a surpris un public qui jusque là ne voyait peut-être dans les cinq horreurs qu'un groupe de revival garage parmi beaucoup d'autres. Bien sûr, ce n'est pas le cas, comme nous avons pu le constater au Trabendo.
Factory Floor jouent en première partie. Ils commencent tôt, à 20h, et proposent trois morceaux en vingt-cinq minutes. Le groupe développe sur de longues plages quasi-instrumentales une vision kraut-techno qui doit autant à Can qu'aux précurseurs de Detroit. Le volume est fort, les voix noyées dans les nappes de synthé, et le batteur, autiste, se démène sur ses fûts, bien que sous mixés. La prestation est plutôt intéressante, tellement hypnotique qu'elle en est presque abrutissante. Heureusement, en seulement vingt-cinq minutes, on évite de peu le mauvais trip tout en ayant tout juste le temps d'apprécier la prestation.

Après, quarante longues minutes, à peine comblées par quelques titres de Kraftwerk et de bière pour patienter, les
Horrors arrivent enfin. Le Trabendo est plein a craquer. La salle se prête assez mal aux concerts punk avec ses marches de un mètre sans barrières et sa scène décalée : personne n'est à l'abri d'une petite bousculade, mais peu importe... Le groupe dégaine
Mirror's Image en introduction, tout de noir vêtu, le morceau annonce tout de suite la couleur. Ambiance hallucinée, Farris se la joue chanteur torturé et dégingandé aux yeux brouillés derrière sa tignasse couleur corbeau, singeant les grands maitres du genre, Ian Curtis en tête.
Derrière, le groupe assure, Spider Webb le bassiste tressaute en cadence sur ses lignes de basses. Quasiment tout
Primary Colors y passe, du meilleur (
I Can't Control Mysefl et
New Ice Age) au pire,
I Only Think Of You tuant l'ambiance car trop lent tandis que le tube cold wave
Scarlet Fields se vot broyé par un système son qui crache son venin (alors que cette chanson sonnait fantastiquement au Baron
au Printemps dernier, c'est à n'y rien comprendre).
Ils ferment avec
Sea Within A Sea, lui aussi massacré par un son poisseux, moins vibrant qu'en disque assurément. Mais, quand il redémarre avec la reprise de Suicide (
Ghost Rider), nous sentons le groupe prêt à en découdre. Force est de constater qu'il est bien plus convaincant quand il fait hurler les amplis à coup de riffs garage rock sauvages : Spider a repris l'orgue, Joshua griffe sa guitare, la fosse apprécie et fait du grabuge. Que les sceptiques en soient convaincus ou non, le premier album des Horrors était une belle pièce d'énergie brutale. Ces quatre morceaux sauvent un concert qui était jusque là un peu décevant.

The Horrors étaient attendus au tournant : n'est-ce pas Tsugi qui annonce « The Horrors, groupe culte de 2009 ? ». Poseurs ou non, opportunistes ou érudits branchés malgré eux, les anglais font débat, mais, avouons-le, il ne leur manque pas grand chose.