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Florence + The Machine
Sian Alice Group

Paris, Bataclan - 24 février 2010

Live-report par Laurie

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Fraichement couronnée d'un Brit Award, Florence Welch et sa machine extraordinaire étaient de passage à Paris cette semaine, entrouvrant les portes de l'Eden. Chronique depuis le purgatoire, du monde paradisiaque et féérique du nouvel ange d'Angleterre : Florence And The Machine, incontestablement, la révélation de 2009.

De Florence Welch, meneuse de cette revue gothico-pop glamour on aura entendu tous les qualitatifs que dictionnaires et meilleurs grimoires de Grande-Bretagne n'ont jamais pu contenir. Florence l'enchanteresse. La rousse la plus célèbre d'Angleterre ; à la chevelure aussi flamboyante que son premier album, Lungs. Le nouvel emblème du renouveau pop, assise bien en haut des charts, aux côtés d'une autre rouquine, la bien nommée La Roux. Évoquer Florence Welch, c'est saluer toute la cour aristocratique des chanteuses qui en ont. Une alchimie inimitable et singulière entre voix puissante et charisme animal qui l'a souvent faite comparer à PJ Harvey ou Sinead O'Connor. Son premier effort aura tout fait exploser : ventes, plateformes de téléchargements et le marché noir des billetteries. Tout le monde veut voir Florence, assister à ses performances dithyrambiques, confirmer la rumeur selon laquelle l'Angleterre, nostalgique, ne fait pas que se défoncer au crack et vomir dans le caniveau. Non, cette fois l'Angleterre ne fait pas le tapin avec Lily Allen. Elle fait ce qu'elle sait faire de mieux : donner une nouvelle définition à la musique et un second souffle. Celui-là, sorti des cieux, c'est Florence And The Machine.

Tout commence en ce mercredi par une introduction des plus intéressantes : Sian Alice Group. Ce groupe britannique s'est fait connaître en 2008 par un premier album, 59.59. Emmené par l'envoûtante Sian Ahern, la formation, au nombre de six musiciens rend surtout hommage ce soir à son dernier effort, le très progressif et vaporeux Troubled, Shaken, Etc. Sur scène, la formation semble évoquer Florence And The Machine par ses mélodies tantôt légères ou ses folk songs à guitares. Le Bataclan se met dans le bain aisément et plane tout simplement...

Peu après 21h, le moment fatidique arrive enfin. On distingue sur la scène quelques guirlandes électriques et la silhouette d'une harpe, sur le coté, pièce maîtresse du répertoire de Florence And The Machine. Précédée de ses musiciens, elle arrive sur scène, habillée d'une robe blanche, cheveux relevés, distribuant quelques roses rouges au public... Ainsi s'ouvrent les portes de l'Eden, sur un tapis de fleurs données par une fée qui entonne une ballade folk : My Boy Builds Coffins. Corps raide et tête penchée sur le coté, Florence Welch ponctue ses vers de mouvements de bras gracieux. Une sorte d'invitation à entrer dans son monde où les cinq musiciens qui l'entourent, vétus de noir, semblent s'effacer pour ne laisser qu'elle dans la lumière. Séduit et ensorcelé par cette voix paradoxale, doux mélange entre légèreté et puissance, le public enfin rentré dans le monde de Florence commence à être démonstratif sur Kiss With A Fist. Guitare vrombissante, batterie martelée, Florence Welch mute en sorcière voodoo ramenant à la vie l'esprit du rockabilly accueilli par une marée de bras en l'air. Courbée, micro tenu à pleines mains, yeux fermés baissés vers le sol, elle bat la mesure avec ses pieds, tel un ange malin qui aurait décidé d'en faire voir de toutes les couleurs à Belzébuth, son voisin du dessous. Le public jubile et encourage la jeune anglaise qui ponctue sa performance de doux remerciements au fort accent anglais et de grands saluts amicaux vers la foule qui agite ses roses... Between Two Lungs, incantation au style celtique, emblématique de l'album, va crescendo, emmenée par la voix électrisante de Florence. Sur scène elle fait quelques entrechats, de grands gestes vers les elfes, hauts, très hauts au-dessus de sa tête : inutile de les chercher, elle seule peut les voir.

Eclairée en contre-jour, Florence ne laisse bien souvent apparaître que sa silhouette frêle, fantomatique. Étrange sentiment confirmé sur Hardest Of Hearts, lorsqu'elle se tient debout derrière son micro, tête penchée et bras en croix, tel un personnage biblique. Florence Welch, ce soir, expie les péchés de Sinead O'Connor et Dolores O'Riordan et ce n'est pas le Ghosts de circonstance qui viendrait contraindre ses projets... Acclamée par le public, avalant une pinte d'eau, Florence fait quelques pas chassés et donne en un tour de bras, son accord au musicien pour jouer les accords de harpe les plus connus du moment, ceux de Dog Days Are Over. La foule reconnaît immédiatement et applaudit. Chacun retient désormais son souffle pour n'écouter que celui de Florence qui se mute en chant puissant. Sur la pochette de Lungs, elle apparaissait poumons à l'air, tel un personnage de conte médiéval surréaliste que seul Tim Burton aurait pu imaginer. Ce soir Florence sort ses poumons, ses tripes, son âme et tout le reste, et les pose à l'air libre. Le morceau va crescendo. Pour amplifier sa tension, la chanteuse demande au public de sauter en l'air à son signal. Toujours médusé et hébété l'écoute de ses vocalises, le public en oubliera presque de bouger au dit signal... Amusée, Florence Welch proposera en ange malicieux qu'elle est de retourner la foule en hurlant des « allez, allez » frénétiques à la fin de la chanson, pour finalement transformer l'exercice... en pogo !

Cette fille-là est une magicienne. Et lorsqu'elle revient pour un rappel, on sent que la foule, transformée et transcendée, apprécie autant ses magnifiques performances sur You've Got The Love et Rabbit Heart (Raise It Up) que ses remerciements chaleureux, parfumés et frais comme ses roses. Pop et mystique, Florence And The Machine est magnifique. Une performance à voir.
setlist
    SIAN ALICE GROUP
    Non disponible

    FLORENCE AND THE MACHINE
    My Boy Builds Coffins
    Kiss With A Fist
    Hurricane Drunk
    Between Two Lungs
    Drumming Song
    Hardest Of Hearts
    Cosmic love
    Blinding
    Ghosts
    Hospital Beds
    Howl
    Dog Days Are Over
    -----
    You've Got The Love
    Rabbit Heart (Raise It Up)
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