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Mumford And Sons

Montreux, Montreux Jazz Festival - 14 juillet 2010

Live-report par Aurélien

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Dernière soirée au Montreux Jazz Festival pour les assoiffés de groupes anglo-saxons prometteurs que nous sommes. Après avoir parcouru de fond en comble l’espace du Montreux Jazz Café pendant deux jours de suite, en ne perdant pas une seule miette d’une programmation musicale britannique éclairée, entre rock brut, indie et électro pop, cette fois-ci, nous franchissons les portes du prestigieux Miles Davis Hall, pour découvrir un jeune groupe talentueux, considéré comme la sensation folk anglaise du moment et répondant au nom de Mumford And Sons.
Après avoir littéralement explosé aux yeux du grand public, quatre jours plus tôt, en marge du grand raout écossais qu’est le festival T In The Park, le quatuor anglais compte bien en faire de même auprès d’un public suisse motivé, ouvert aux découvertes et venu en masse pour supporter l’étoile montante helvétique, Sophie Hunger, en deuxième partie de ce mercredi soir caniculaire.

20h30, le groupe est à l’heure et ne se fait pas prier, plongeant instantanément la foule dans l’ambiance tourmentée de leur seul et unique album, Sigh No More, en ouvrant les festivités justement par ce titre éponyme. Montée progressive et intensité, sur scène, le morceau est un pur bijou sonore. D’abord, la sensibilité des chœurs introductifs retentit dans un silence de cathédrale, puis graduellement la voix écorchée de Marcus Mumford, le chanteur, explose sous un déluge instrumental composé simplement d’un banjo claquant, d’une guitare acoustique rageuse et d’un orgue discret. Les acclamations du public se font entendre aux quatre coins de la salle, remettant en doute notre pronostic concernant la proportion élevée de fans venus supporter la jeune suissesse, qui clôturera plus tard la soirée, au détriment de la formation anglaise. En effet, après seulement quelques titres, comme le délicat Awake My Soul, le puissant Roll Away Your Stone ou encore le somptueux White Blank Page, on se dit que, soit le nombre de connaisseurs avisés du groupe était sous-estimé, soit les mélomanes présents dans l’assemblée ont vite fait d’être convertis par le talent artistique des quatre musiciens.

Quoiqu'il en soit, on peut dire que l’auditoire est satisfait et que le groupe l’est également. Une preuve est à l’appui avec un Marcus Mumford articulant timidement, dans un français approximatif, sa joie de jouer ici ce soir. D’un côté, l’ambiance du Miles Davis Hall semble y être pour beaucoup. De l’autre, on se dit que l’anecdote partagée avec toute la salle, concernant le très chaleureux accueil réservé aux membres du groupe par l’équipe féminine de natation voisine, lors d’une virée au lac Léman la veille, doit sûrement y être pour encore plus. Visiblement devant un public friand de petites histoires cocasses, les quatre anglais continuent avec Timshel et ses chœurs a capella sobrement accompagnés d’une guitare, plongeant l’assemblée dans le calme. L’émotion est palpable. Puis, sous des lumières tamisées, Marcus et ses fils artistiques présentent Nothing Is Written, un titre inédit et accrocheur, dans la droite lignée de leur premier album, où la force instrumentale de la guitare de Marcus, du banjo de Winston, du clavier de Ben et de la contrebasse de Ted, montent en puissance sous les vivas du public.

Après cette petite découverte en guise d’amuse-bouche, la formation anglaise décide de passer au plat principal, offrant coup sur coup le magistral I Gave You All et l’incontournable Little Lion Man. Dès lors, à la vue du nombre de chanteurs improvisés dans l’assemblée entonnant avec allégresse les paroles des deux précieux titres, on a la confirmation que le public est bien constitué de connaisseurs. De plus, il y a même des signes qui ne trompent pas, comme lorsque le chanteur se poste à la batterie pour offrir un second morceau inédit, Lover Of The Light, et que le public manifeste sa surprise, les yeux écarquillés de bonheur, comme si on lui remettait un beau cadeau tout neuf. Cependant, mise à part l’étonnement de voir le chanteur user des baguettes tout en chantant, ce dernier morceau n’apportera rien de plus musicalement. Il faudra plutôt attendre les premières notes du dramatique Thistle & Weeds, ainsi que le single actuel The Cave, pour clore en beauté ce concert réussi, en satisfaisant l’appétit musical de nos oreilles exigeantes.

Finalement, il est 21h32. Après une heure de concert, les quatre membres de Mumford And Sons ne font malheureusement pas de rappel, faute à une programmation millimétrée qui oblige les anglais à rapidement faire de la place, car dans moins de trente minutes, la jeune Sophie Hunger envoûtera à son tour l’auditoire. Néanmoins aucun regret, car on a indiscutablement eu la confirmation scénique de la pertinence de nos attentes élevées portées sur ce groupe au grand potentiel.
Après avoir vécu un tel concert, d’une qualité acoustique irréprochable, intense et généreux, nous pouvons quitter enchantés les bords du lac Léman et espérer que dans un an, la cuvée 2011 du Montreux Jazz Festival nous réservera d’aussi bons moments musicaux que ceux passés cette année, en bas des montagnes suisses, les pieds dans l’eau, sous une chaleur musicale très britannique.
setlist
    Sigh No More
    Awake My Soul
    Roll Away Your Stone
    White Blank Page
    Timshel
    Nothing Is Written
    I Gave You All
    Little Lion Man
    Lover Of The Light
    Thistle & Weeds
    The Cave
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