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PJ Harvey

Belfort, Eurockéennes - 3 juillet 2004

Live-report par David

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De nouveau sous le chapiteau pour ce début de journée du samedi pour découvrir ce que donne Elista sur scène; après un premier album réussi, marqué par le succès en radio du single Debout, les quatre français ont confirmés tous le bien que l'on pensait d'eux avec un concert assez énergique et très mélodique; malgré quelques problèmes de guitares sur les premières chansons. Mention particulière pour La Vie A Deux, l'excellente Derrière Elle qui a pris une dimension exceptionnelle sur scène et la sympathique reprise du Laisse Tomber Les Filles de France Gall qui s'est finalement très bien insérée dans leur set-list!
Autre groupe français à l'ouverture, les quatre d'A.S Dragon tentèrent, un peu vainement, d'électriser la grande scène: mission à moitié réussie tant les chansons finales très rock ont bien fonctionnés (aidées par l'auto-arrosage à la bière de Natasha la chanteuse!) mais tant les chansons plus lentes (avec ce clavier pour le peu irritant!) ont ennuyées l'assemblée. Ce concert aurait certainement mieux trouvé sa place sous chapiteau ou à la Loggia.

Retour sous le chapiteau justement où le groupe belge sensation de cette années Girls In Hawaii ont donnés l'un des meilleurs shows de ces trois jours: N'étant pas sans rappeler l'excellence de Radiohead, ils sont arrivés à passionner l'assistance grâce à une set-list allant du plus calme (ballades tirées de leur récent From Here To There comme le tube Found In The Ground ou la très belle Bees & Butterflies toutes plus magnifiques les unes que les autres) au plus péchu (l'exceptionnelle Flavor en final) pour le plus grand bonheur du nombreux public présents pour les voir. Une réelle satisfaction à confirmer lors de leur tournée française d'automne qui s'annonce excitante.
Petit détour vers la plage pour une autre grande tornade émotionnelle: la prestation de Daniel Darc qui inquiéta pourtant d'emblée l'assistance (est-il bourré? défoncé?) par sa démarche plus qu'hésitante: après avoir dédié ce concert à Marlon Brando, décédé la veille, l'ex-chanteur de Taxi Girl pris le public à la gorge en jouant sans filet la carte de la sincérité et de l'émotion. Rouge Rose et La Pluie Qui Tombe (toutes deux extraites de son récent et magnifique Crêve-Cœur) furent tout simplement bouleversantes: alors qu'on se demandait il y a quelques minutes comment ce vieux rocker tatoué et usé allait bien pouvoir s'y prendre pour capter une minute d'attention, l'assistance tombait sous le charme de la fragilité et la réelle humanité qui se dégageait de la scène. Mais la surprise ne s'arrêta pas là puisque la suite du show, franchement rock et parfaitement maîtrisée, continua d'enfoncer le clou quand à la pertinence de la présence de Daniel Darc dans un festival comme les Eurockéennes et culmina au sommet lors de l'énorme Nijinski. La notion d'urgence avait enfin de nouveau sa place dans un concert de rock que ce soit par les brusques montées d'adrénaline de Daniel (qui fracassa deux pied de micro pour l'occasion!) ou par ses déclarations plus "légères" ("Putain, vous pouvez l'applaudir ce mec au clavier, il s'est quand même farci Murat pendant 15 ans!"). Sa décontraction au moment de chanter sa croix à lui (qui faillit avoir sa peau!) Chercher Le Garçon, son départ de la scène lorsque ces musiciens attaquent une chanson qu'il ne veut pas chanter contrebalançant avec sa détermination à refuser de partir avant d'avoir interpréter celle qu’il voulait (pas prévue elle!) seul avec son guitariste furent des moments d'exception, intenses et sincères comme rarement. Les Miossec et autres apprentis peuvent retourner sur le banc de l'école. Merci pour tout, Monsieur Darc!

Tandis que le canadien Buck65 semblent enflammer le chapiteau notamment grâce à la présence de son groupe, apportant une touche beaucoup plus rock à son hip-hop moderne, le gros de la foule se masse devant la grande scène dans l'attente de Miss P.J Harvey. Le public est franchement enthousiaste lorsque, accompagnée de ses musiciens, celle-ci entre sur scène en petit-top, mini-jupe noire et bottes rouges! Pourtant ce concert de P.J Harvey, même s'il fut des plus corrects, n'atteigna pas les hauteurs escomptées: tout d'abord, l'ambiance sur scène était des plus décontractée (ce qui est plutôt bien) mais tourna par deux fois à la franche rigolade de vacance!! P.J éclatant de rire au beau milieu d'une chanson et gros plantage au milieu d'une autre pour cause de guitare mal accordée… sympathique certes mais quand on est l'une des deux plus grosses têtes d'affiches de la journée, ça fait quand même un peu concert en roue libre quoi! Mais plus grave finalement, c'est surtout le manque de rythme qui fut le plus néfaste à ce show: entre chaque chanson, vingt à trente secondes de blanc, dues le plus souvent à des changements de guitare dont on doutait quelques fois de la pertinence… Dommage car le concert ne pris jamais véritablement son rythme de croisière malgré des moments très réussis comme ce Victory joué à deux batteries (!) ou bien ses "tubes" A Place Called Home ou Good Fortune qui eux, emballèrent vraiment le public.

. Alors que les amoureux transis des Pixies squattaient déjà le devant de la grande scène, ce fut le tour d'un autre grand monsieur de captiver la scène du chapiteau: Alain Bashung gagna encore certainement quelques fans supplémentaires grâce à sa prestation théâtrale et habitée, culminant avec, ni plus ni moins, que l'enchaînement des cinq plus belles chansons de son meilleur album, l'indispensable Fantaisie Militaire: les deux singles La Nuit, Je Mens et Sommes-Nous, le poignant Aucun Express, et les deux plus rock Fantaisie Militaire et Mes Prisons: tout simplement imparable. Ayant déjà vu l'intégralité d'un concert d'Alain Bashung lors de sa dernière tournée, il était temps maintenant de prendre (difficilement!) place pour l'événement de la soirée: le retour des Pixies!
L'attente fut longue mais l'événement fut à la hauteur: à peine le mignon accueil de Kim Deal entendu ("Hello Motherfuckers!") et c'est parti pour Wave Of Mutilation. Même si l'on peut être un peu déçu par le jeu scénique (inexistant) des Pixies, force est de constater qu'une réelle alchimie existe entre eux et se retranscrit dans leur musique. Et même sans être un immense fan, il est difficile de ne pas apprécier des bijoux tubesques comme Here Comes Your Man, Monkey Gone To Heaven ou l'hymne Where Is My Mind ? (réellement impressionnant à foutre la chair de poule en live). Mais là ou le gros Francis Black est réellement impressionnant, c'est quand il pousse ces hurlements qu'il sort d'on ne sait où pour dynamiter des brûlots punk comme Tame dont ils ont le secret. De plus, la réelle connivence entre les membres du groupe fit vraiment plaisir à voir; il y a bien évidemment des histoire de gros sous derrière cette tournée de reformation mais, bien heureusement, il y autre chose qui s'est dégagé de ce concert des Pixies: le plaisir de l'instant. Ce n'est pas Kim Deal, dont le Gigantic clôtura parfaitement leur prestation, et son sourire qui viendront dire le contraire! ..et puis 31 titres quand même! Pour un concert en festival, c'est pas mal!

Enorme journée que ce samedi dont l'élément commun entre quasiment tous les groupes ou artistes présents fut l'émotion et la sincérité. Sur le chemin du retour, les anglais de Sludgefeast font un vacarme pas possible… légère mise en condition pour les oreilles avant l'affiche plutôt bruyante du lendemain!