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The Joy Formidable

Paris, Flèche d'Or - 18 février 2011

Live-report par Olivier Kalousdian

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Allons enfants de la batterie, le jour de gloire est arrivé ! Ritzy, Rhydian et Matt ; ce n’est pas la horde sauvage débarquant sur scène en Harley Davidson et pourtant, ce trio qui n’a rien à voir avec John Butler puisqu’il vient du Pays de Galles, a les mêmes caractéristiques qu’un engin à deux temps ; un encombrement mini pour des vibrations maxi !

Rencontrés il y a quelques temps à Paris, The Joy Formidable ne paient pas de mine mais vont au charbon comme peu de musiciens de leur âge ! Non, je ne vais pas moi aussi faire tout l’article sur des jeux de mots faciles façon les Inrockuptibles qui osèrent récemment, je cite : « Ce groupe n’est que joie – il est formidable ! ».
Mais il est vrai que pour une formation comme celle-ci, pour une découverte si récente et si prometteuse, on a envie de faire avec des mots ce que ces Gallois-là font avec trois instruments seulement ; un pur moment de rock & roll !

 

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La soirée a commencé avec, outre Divine Paiste et The Airborne Toxic Event, The Dodoz, groupe Français qui chante en anglais et dont les puissantes rythmiques ont fait s’enflammer une Flèche d’Or pleine à ras bord et débordant même sur la scène, invitée à se trémousser sur leur dernier titre. Dehors il fait 5°C, dedans au moins 30. Bonjour l’amplitude thermique ! Notamment, quand on arrive en deux roues, couvert comme un éleveur de chèvres dans les steppes de Mongolie. Et tout cela, c’était avant l’entrée en scène, sur les coups de 23h de The Joy Formidable...

Matt, le batteur s’est caché à droite de la scène, jouant perpendiculairement au public, derrière un des pylônes. Rhydian, à la basse, porte une veste noire sur chemise noire et, semble-t-il, s’est également teint les cheveux pour l’occasion, couleur de jais. À ses cotés, Ritzy la guitariste, un mètre cinquante au garrot, vêtue d’une robe courte et de bas orangés, arbore une tignasse raide façon baguette, d’un blond vénitien tranchant dans le vif avec la noirceur de Rhydian. Ces trois-là nous avertissent dès le départ ; ils sont prêts à tout faire sauter !
Matt le premier d’ailleurs ; car si un reproche doit être fait à ce concert, autant le présenter rapidement pour ne pas polluer la suite ; Le son de la batterie est à ce point puissant, sec et envahissant, qu’il en est désagréable pour le public. Problème de balance ? Mauvais choix de réglages des peaux ? Volonté de battre un record sonore ? Toujours est-il que Matt, qui n’a pas appris à jouer de la batterie avec Manu Katché, amplifie la douleur en tapant aussi fort qu’il est possible de taper sur un objet !
Malgré cela, et malgré tout ce qui arrivera aux guitares de Ritzy et de Rhydian, singeant parfois un peu trop fort Pete Townshend, The Joy Formidable élimine toutes pensées négatives d’un coup d'Austere ou de Whirring, aussi lourds qu’un kilo de plomb dans un oreiller de plumes lancé du dixième étage sur la foule et qui imprime aux corps un mouvement d’arrière en avant, comme un coup du lapin à l’envers, filmé au ralenti.

 

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Il faut dire que Ritzy joue chaudement de la voix et des convulsions non maîtrisées, sa grande guitare entre ses petites jambes bien décidée à achever son public. Ce n’est pas pour rien que les producteurs de Skins les avaient choisis pour un de leurs épisodes.
Jouer un rock de qualité à deux ou trois comme feux les White Stripes, récemment séparés corps et bien, n’est pas donné à tout le monde. Bien sûr, taper comme un sourd sur sa caisse claire ou casser une guitare, une basse et une pédale d’effet dans le même set, peut déjà faire parler de soi et donner du grain à moudre aux plus énervés, mais ça ne suffit pas. Il faut, en plus de bonnes compositions aux relents de Pixies ou de Smashing Pumpkins – Ritzy ne va pas aimer la comparaison – une attitude.
Énervants de talents combinés, Ritzy et Rhidyan savent également faire pleurer leurs cordes, offrant aux premiers rangs un dernier round composé d’un 9669 se lamentant du coté de la comptine à deux voix, enchaîné sans temps mort avec un Whirring déménageant les meubles et jetant les deux complices à terre, dans un final joué de plus en plus fort et de plus en plus vite, jusqu’à la quasi apoplexie de Matt ! La guitare de Ritzy restera seule au sol en compagnie de la basse, longtemps après leur sortie de scène, pliant les murs d’enceinte dans des larsens noisy mais étrangement toujours mélodiques, dignes de groupes bien plus expérimentés dont jamais je n’aurais pensé faire la comparaison à ce concert.

Sonic Youth l'ont écrit : Teenage Riot in a public station...
setlist
    The Everchanging Spectrum Of A Lie
    Austere
    Chapter 2
    The Greatest Light Is The Greatest Shade
    I Don’t Want To See You Like This
    Cradle
    A Heavy Abacus
    9669
    Whirring
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    Buoy
photos du concert
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