Elle s'appelle

Affublé d’un patronyme qui confère au groupe une petite touche intellectuelle et décalée, le trio est mené de main de maîtresse par un clavier de fête foraine. En outre, le chant énergique oscille-t-il entre pop sirupeuse et rétro façon Bis, lorsqu’il est féminin, avec un son bien moins brouillon et cacophonique, et un rock léger et enlevé à la manière d’un Pulp ou même d’un Queen pour les accents grandiloquents et quasi-symphoniques.

Ainsi Elle S’appelle nous dévoile deux facettes de son univers musical si original et un soupçon déjanté. Tandis que Little Flame s’inspire résolument des petites formations indépendantes des années quatre-vingt-dix prônant mollement l’émancipation féminine, proposant une mélodie assez finement troussée et limpide, les deux titres suivants, en revanche, obéissent à des critères radicalement opposés. Si encore She Sells Sea Shells, grâce essentiellement à une rythmique très structurée et un synthé de presbytère, offre des harmonies cohérentes et de facture classique, malgré son caractère débridé et spontané, l’ultime morceau du single est une tout autre affaire.

Paradoxalement plus bref que ses prédécesseurs, Mariappa fait office de véritable ovni progressif, évoquant vaguement Asia, de par son atmosphère presque années soixante-dix et les vocalises hystériques du chanteur sur les notes du clavier poussiéreux du Jacky de Tournez Manège. Bref, si Elle S’appelle possède indéniablement de nombreuses qualités, et certaines parmi les plus essentielles dans le domaine de la musique, à savoir une grande inventivité et un vrai talent de composition, il n’en demeure pas moins que la formation, qui n’en est qu’à son premier coup d’essai, cherche toujours sa voie en explorant des directions parfois confinant au grotesque. Dans la mesure où Elle S’appelle n’est point dépourvu d’atouts, la rectification de tir souhaitable est tout à fait possible et nous ne pouvons que l’ « appeler » de nos vœux.