Maria & The Mirrors

Je me souviens avoir été à l’époque plutôt enthousiaste sur le premier single de Maria & The Mirrors, intitulé Omar, quelque peu séduit avec un son mystique, très fourre-tout également, qui laissait présager un avenir prometteur. Sans être impatient comme à la sortie d’un nouveau Daft Punk, l’envie d’en savoir plus sur ce groupe mystérieux était tout de même bien là, et c’est donc avec plaisir que je me suis lancé dans ce Travel Sex plutôt... épicé.

Disons par là que ce nouvel EP de Maria & The Mirrors est une sorte de piment musical. A petites doses, celui-ci est souvent un aliment apprécié des gens, mais le croquer et l’ingurgiter pur se révèle bien souvent délicat. Exit la métaphore culinaire, disons que ce Travel Sex EP en fait trop, le groupe partant dans des choix artistiques plutôt douteux et difficile à apprécier (sauf si l’on est un grand mangeur de piments, donc).
Dès l’intro éponyme, qui dure six minutes, on se retrouve stupéfait dans un bon et un mauvais sens : premièrement, et ce tout au long de l’EP, on retrouve un groupe qui joue des percussions avec intelligence, amenant l’auditeur en quelques secondes dans un vrai trip guerrier, tribal. Rien de renversant, mais juste assez pour permettre de suivre une ligne directrice indispensable, tellement le morceau part ensuite dans une montée sonore qui, si au début parait évidente, devient très vite redondante et inutile tellement l’effet est amplifié, surexploité, pour finalement amener à une esquisse de nausée. Un vrai ratage donc.

Le dernier titre de l’EP, Valerie A Tyden Divu, reprend le même schéma (six minutes également), avec un début très entraînant qui enchaîne avec une sorte de grand n’importe quoi sonore consternant : pourquoi tout ça ?

Une question qui se pose clairement lorsque l’on a écouté les deux titres précédents dans l’EP, Blonde September et Magadan 92. Ici, ce sont deux titres beaucoup plus courts, avec un format un peu plus « pop ». Blonde September s’écoute ainsi beaucoup plus facilement que les compositions citées précédemment, de par son intro entre psychédélisme à la Gang Gang Dance et chant indien. Le final du morceau repart dans des délires sonores mais qui sont ici plus maitrisés, et dans une durée plus appréciable. Magadan 92 lui est sûrement le titre fort de l’EP, avec une chanteuse complètement envoutée et envoutante, et un son qui lorgne délicieusement vers le trip malsain, dérangeant. Encore une fois, la courte durée du titre, à peine trois minutes, permet de rendre ce délire musical audible.

Alors au final, il y a quand même une énorme déception : pourquoi ce groupe prometteur, avec ses accents beaucoup plus pop que ses confrères du genre, s’est-il radicalisé au point d’en devenir inaudible sur la majorité de cet EP ? Il n'y a pas de réponse, mais espérons que le groupe reviendra a une base plus accessible, car ce court quatre titres est déjà pour l’oreille synonyme de douloureuse éternité. De là à écouter tout un album...