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FAMY

Donkey EP

FAMY - Donkey EP
Chronique Single/EP
Date de sortie : 10.03.2014
Label :Transgressive Records
2
Rédigé par Hugues Saby, le 2 mars 2014
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Dix minutes de recherches sur Internet suffisent pour se rendre compte que FAMY, groupe relativement peu connu, est moins évoqué pour lui-même qu'en comparaison à d'autres. Le nom de WU LYF, notamment, revient souvent. Le concept de wall of sound aussi. Il semble que certains membres de FAMY gravitent autour de Los Porcos, collectif disco bizarre et surfait formé des ex-WU LYF amputés de leur emblématique hurleur Ellery Roberts. Il est vrai que l'on retrouve sur Donkey une ferveur mystique un tantinet autoproclamée qui peut rappeler feu le groupe éphémère de Manchester. La production, quant à elle, a choisi de mettre la résonance au cœur du son, ce qui peut faire penser, parfois, un peu, à la technique d'enregistrement mise au point par Phil Spector. Mais une fois que l'on a dit ça, qu'a-t-on vraiment dit ? Pas grand-chose. C'est un peu court, jeune homme.

Car voilà, la comparaison s'arrête-là. S'il fallait chercher des similitudes, on les trouverait à mon sens plutôt du côté des Lumineers ou de Mumford And Sons. Ce qui est d'ailleurs assez amusant, étant donné que la plupart des personnes ayant chroniqué jusque là l'EP, dont la référence The Guardian, s'en défendent. En résumé, FAMY, ce serait comme Mumford And Sons, mais en mieux/mais en bien. Sans porter de jugements trop hâtif, force est de constater que la plupart des marques de fabrique du folk rock bien à la mode sont là. Dans Top Chef, Thierry Marx énoncerait les « traceurs » : un écho profond, des chœurs et des harmonies à n'en plus finir, des lignes de voix proches de la psalmodie, et de la grosse caisse, beaucoup de grosse caisse. Seule petite touche qui démarque FAMY de la concurrence : des guitares lead haut-perchées, et plutôt modernes, qui apportent une vraie ligne mélodique (contrairement aux voix qui restent souvent monocordes).

C'est particulièrement vrai sur Donkey, morceau qui ouvre l'EP. Une vraie touche, bien présente tout au long du disque, et qui sauve le groupe de l'anonymat en luidonnant un caractère, une identité. A Ho A Hand, qui le suit, est dans la même veine. Ces deux tires fonctionnent d'ailleurs comme un diptyque tant les riffs de guitare sont similaires, presque identiques. D'un certain point de vue, c'est plutôt réussi : deux facettes d'un même morceau, l'une plus électrique, l'autre un peu plus folk, qui s'écoutent en intégralité sans que l'on ne remarque la césure. Musicalement, les harmonies de voix et la dynamique quiet/loud font parfois penser aux Fleet Foxes, référence sans nul doute bien plus recommandable que les groupes précédemment cités. Revers de la médaille, on a l'impression désagréable d'écouter deux fois la même chose, et l'attention se relâche.

Hebrew, troisième titre de l'EP, en souffre particulièrement. Si la mélodie des voix, à la limite du récitatif, finit par s'ancrer solidement dans la tête, la technique instrumentale, basée sur une dialectique quasi obsessionnelle entre grosse caisse et basse sur les temps et pointes de guitare acoustique à contretemps, devient franchement agaçante à force d'être systématique.
L'avantage, c'est que le dernier morceau n'en semble que meilleur. Seul vrai moment de bravoure du disque, History Lesson - Part III nous raconte avec humour et ironie l'histoire du groupe à travers ses membres et héros musicaux. Une sorte d'ovni musical où le name dropping (Bob Dylan, Richard Hell, Joe Strummer, Bradford Cox...) et les bizarreries (« We learnt punk rock in Marseille », « Nous sommes les beaux gosses ») installent un climat à la fois touchant et euphorique. Ce chouette titre n'est d'ailleurs pas sans rappeler le génial Losing My Edge de LCD soundsystem dans sa manière d'égrainer avec cynisme et sarcasme des anecdotes sur le monde de la musique, réelles ou factices. Cette impression est renforcée par une ligne guitare/basse légère et plutôt rafraichissante, répétée à l'envi, comme un sample. L'esprit distancié et décalé rappelle aussi les meilleurs moments de Herman Düne. La rythmique est légère – enfin ! -, sauf sur le refrain, où les vieux travers reprennent le dessus, mais où des guitares overdrive – enfin ! - atténuent l'effet « pompe ». Un très bon morceau donc. Sauf que... c'est une reprise. Bien exécutée, marrante, cool. Mais une reprise quand même (History Lesson Part 2 des Minute). Dommage, c'était le seul vrai beau moment du disque.

En résumé, Donkey est un EP de folk-rock bien produit et bien exécuté, qui plaira beaucoup aux fans du genre. Aux autres, admirateurs de folk, d'antifolk, des Ronettes ou même de WU LYF, certainement beaucoup moins. Inécoutable, certainement pas. Dispensable, assurément.
tracklisting
    01. Donkey
  • 02. A Ho A Hand
  • 03. Hebrew
  • 04. History Lesson - Part III
titres conseillés
    History Lesson - Part III
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