Jon Hopkins

Dans la foulée du single digital Meditations paru en 2020, Jon Hopkins continue sur un tempo éloigné de l'électro minimale à laquelle il nous avait habitués. Piano Versions est en effet un EP de relecture de quatre chansons dont l'anglais est grand fan.

Jon Hopkins avait déjà dévoilé en fin d'année dernière sa reprise de Dawn Chorus de Thom Yorke. Celle-ci s'avère assez proche de l'originale minus la voix du leader de Radiohead. Proche ne veut pas pour autant dire inintéressante ou facile. Le Londonien s'applique dans sa performance et nous restitue une version touchante et très réussie de cette grande chanson. Inévitablement, on ne peut s'empêcher de penser à l'EP Asleep Versions paru en 2014, où Jon Hopkins revisitait quatre de ses compositions dans un format ralenti et subtil. Ce disque n'est donc pas resté une simple parenthèse dans la carrière du britannique. Il est vrai qu'il y a toujours eu dans ses derniers albums une place dédiée à la délicatesse, à la douceur et à la lumière. C'est pourquoi ce nouveau disque fait vraiment sens avec la musique de l'anglais.

Avec Heron, second mouvement apaisé, il s'attaque cette fois au répertoire de James Yorkston, un de ses comparses de label. La balade folk originale est ici transformée en un moment coloré. Le piano est entouré du vent, de lointains sifflements d'oiseaux et d'objets grinçants. Tout cela contribue à nous donner l'impression du lever du jour dans un monde lumineux. Et une fois encore, Jon Hopkins fait mouche.
Mais c'est la transformation de l'entêtant Modern Driveway de John Talabot qui impressionne encore davantage. Celle-ci dépouillée de son rythme originel devient un parfait moment de douceur; Jon Hopkins nous transporte et signe ici le moment le plus émouvant de son disque. Pourtant, l'ultime reprise, et non des moindres, est celles des frères Brian et Roger Eno ; un univers que Jon connait bien pour avoir collaboré avec Brian en 2010. Sa performance de Wintergreen est encore plus intimiste que l'originale qui était pourtant déjà très minimaliste.

Jon Hopkins nous apporte un superbe moment d'apaisement musical avec ce Piano Versions. On regrettera juste qu'il ne dépasse pas le quart d'heure. Mais il est vrai que dans cet interminable moment que nous vivons depuis plus d'un an maintenant, tout aspect réconfortant est à saisir et à apprécier à sa juste valeur. Indispensable !