Voici un premier EP exceptionnellement mature en provenance de Nottingham. Cultivant un style intemporel, une manière flatteuse de dire désuet, Victory Lap aiment l'étiquette de "Ballroom Rock", il est vrai que je les imagine bien jouer dans une grande salle de bal avec des jeunes gens bien habillés qui vont danser le week-end, entre rock et slow pour oublier les restrictions de l'après-guerre et pour rêver d'un monde enfin en paix.
Ces musiciens jouent dans un style (temporairement) passé de monde au profit des guitares acérées et des vociférations existentialistes des groupes de post-punk, pour ne citer que ceux qui utilisent une formation rock classique de guitares / basse / batterie. Mais la roue tourne et on peut voir revenir des disques aux arrangements soignés et à la voix suave de la classe de The Divine Comedy, Tindersticks ou d'Edwyn Collins. Une forme d'élégance qu'ils partagent avec leurs aînés et voisins de Nottingham, Do Nothing, avec qui ils ont tourné.
James Denham et Tomas Ponting se connaissent depuis qu'ils ont cinq ou six ans, et cela fait un moment qu'ils composaient en dilettante, jusqu'à ce qu'ils soient contraints à suivre une longue période d'isolation. Comme la moitié de la planète, ils sont restés à la maison, mais ils font partie de ceux qui ont pris leur hobby au sérieux. Passionnés par le cinéma (le dernier morceau de l'EP y fait référence), ils ont également développé une forme d'évasion. Quand ils sont sortis du cauchemar éveillé du confinement, ils se sont dit qu'ils tenaient quelque chose de valable, et ont étoffé le groupe avec un batteur, un bassiste et un claviériste.
Ces Torch Songs sont des déclarations d'amour contrariées, brûlantes et habitées. Le style est théâtral et grave, mais il y a une touche d'auto-dérision toute britannique qui les rend touchantes. Après ce premier EP réussi, on a hâte de découvrir Victory Lap sur scène, car on sent dans les effets de voix et les correspondances entre les instruments qu'ils doivent être aussi bons en live.