Nightbus

L'art du remix, cette alchimie sonore qui transforme le plomb mélodique en or rythmique, est un domaine où bien des prétendants se sont égarés. Avec Remixed, Vol.1, Nightbus et leurs sept compères triés sur le volet n’embrassent pas simplement cette tradition; ils la subliment, redéfinissant leurs quatre premiers singles dans une entreprise qui s’inspire de la crème de remixeurs britanniques et des essais iconoclastes de figures telles que Andrew Weatherall ou The KLF.

Le disque s'ouvre sur des interprétations audacieuses où Way Past Three et Mirrors sont déconstruits avec une précision chirurgicale, pour être ensuite réassemblés en mosaïques sonores qui reflètent moins ce qu’ils étaient que ce qu'ils pourraient être. Ce ne sont pas simplement des chansons remodelées pour convenir aux pistes de danse insatiables du clubbing nocturne, mais des re-créations qui questionnent et repoussent les limites du matériel original. Adult DVD, dans sa refonte de Mirrors, infuse le morceau d'une énergie nouvelle, nous rappelant le travail révolutionnaire d'Ewan Pearson ou de Jamie xx, capables de transmuter des compositions rock en hymnes transcendants.

Quant à HONESTY, leur traitement de Exposed To Some Light est une démonstration magistrale de la manière dont on peut naviguer dans les eaux profondes du morceau d'origine, en explorant chaque nuance et en y insufflant une vie nouvelle sans jamais dénaturer son essence. Leur approche rappelle celle de Trentemøller, où la subtilité et la tempête cohabitent et conversent.
Mais là où ce disque excelle vraiment, c’est dans sa capacité à faire de chaque remix une thèse en soi sur la possibilité de réinvention. Average Boy se voit transformé en deux versions radicalement différentes, l'une soulignant sa mélancolie inhérente, l'autre la parant des atours d'une épopée électro-dance, un tour de force que n'auraient pas renié les grands noms des années 90 tels que Massive Attack dans leurs réinterprétations mémorables, telles que sur le cultissime No Protection de Mad Professor revisitant en version dub tout le deuxième album du groupe de Bristol.

Cependant, il est impossible de passer sous silence le fait que Remixed, Vol.1 ne parvient pas toujours à éviter certains écueils typiques du genre. En effet, s'il éblouit par moments par son inventivité, il peut également sombrer dans une certaine uniformité, un risque inhérent lorsque l’on se limite à un catalogue aussi restreint pour une telle entreprise. Ce n'est pas tant un défaut qu'une limite naturelle du format choisi : parfois, les éclairs de génie sont tempérés par des échos trop familiers des morceaux originaux.

En somme, Nightbus ne se contentent pas de participer à la conversation sur le remix ; avec Remixed, Vol.1, ils proposent une réflexion poignante sur ce que cela signifie de prendre des chansons et de les réimaginer complètement, tout en les ancrant fermement dans une tradition britannique riche et complexe. Ce premier volume, bien que parfois inégal, est une déclaration audacieuse d'intentions artistiques, un pas assuré sur un chemin semé d'embûches et de révélations. On a toujours cru en Nightbus en tant que fers de lance de la scène nightwave, grâce à cette série de remixes on sait désormais qu’ils ont le potentiel pour être bien plus que cela. To be continued...