The Family Battenberg

En France, le nom de Battenberg n'évoque pas grand-chose. Pour les plus gourmands, peut-être le gâteau de Battenberg, génoise se présentant comme un damier rose et jaune, surmontée de pâte d'amande, en faisant l'épreuve la plus redoutable chez le Meilleur Pâtissier de Mercotte. Pour les fans de Stéphane Bern, il s'agit du nom des ancêtres de la famille royale d'Angleterre, qui de plus apprécient particulièrement la pâtisserie précédemment citée, aussi snob que délicieuse. Pour les lecteurs de Sound Of Violence, ce patronyme les renverra plutôt dans les vallées galloises pour y retrouver non pas un membre mais toute une famille : The Family Battenberg, jeune quatuor en provenance de Cardiff qui nous propose depuis 2023 une belle poignée de singles fait d'un garage rock que ne renieraient ni les cousins d'Amérique, ni ceux d'Australie, passés experts en la matière.

Après avoir aperçu cette drôle de fratrie en ouverture de la Block Party en 2024, ayant alors la lourde tâche de baptiser le festival dès 17h un jeudi, les jeunes gallois nous avaient fortement tapé dans l'œil grâce à leur style ultra décontracté et leur guitares hurlantes à pleins poumons à l'heure du goûter. Depuis, quelques autres passages dans l'Hexagone, dans divers festivals tels les TransMusicales de Rennes ou le HOP POP HOP d'Orléans, le temps pour Eliot, Ethan, Celyn et Billy de nous offrir en ce mois d'octobre leur tout premier EP intitulé Spider Rock Forever, recueil de sept titres qui ne laisse présager que du bon pour la suite.


Un retour vers un rock and roll chaud bouillant, un peu crasseux, qui gueule, qui distord, aux riffs lourds et tout en longueur, un son ultra saturé qui ravira les amateurs de musique de bars louches et d'acouphènes. Après une petite intro à base de chorale d'église, c'est la basse ronronnante de Celyn qui nous embarque fissa dans un road trip aux odeurs de pots d'échappement de grosses cylindrées. Le garage rock de The Family Battenberg, sur Foggy, ne fait pas les choses à moitié : tous les sons sont poussés à l'extrême, formant une couche opaque et toute en écho de guitares assourdissantes. Le chant lui aussi se veut caverneux, et entre deux hurlements à la lune, on glisse vers le côté psyché rock du groupe sur Gwillgy qui, dans la mythologie galloise, est un chien s'apparentant à un loup noir à l'haleine maléfique et aux yeux rouges flamboyants. Si vous n'aviez pas encore compris que The Familly Battenberg ne sont pas là pour vous offrir des mignons petits gâteaux à l'heure du thé, il va falloir probablement augmenter le volume de votre appareil auditif.

Mais tout n'est pas que souffre chez nos amis, preuve en est la ballade folk Friend Of Mine. Un sympathique interlude avant de repasser la cinquième, entre Spiders et Anteater, à l'arrière-goût de terre rouge désertique, comme celle dans laquelle se roulent les australiens de Wolfmother. On pense également à la démesure que l'on retrouve chez King Gizzard And The Lizard Wizard, quand les refrains deviennent presque anarchiques. L'EP se termine sur une chenille bien différente de celle que l'on pratique, pour mémoire, tous les ans à la Route du Rock, Ghouls Conga Line proposant une cadence lente, presque sensuelle. Des odeurs de stupre se dégagent de cette conga de l'enfer qui nous fait vite oublier les petits looks de lycéens presque innocents de nos quatre jeunes rockeurs.

The Family Battenberg rajoutent avec leur premier EP Spider Rock Forever une énorme marmite d'huile brûlante sur le feu, leur garage rock puissant mais jamais étouffant nous ramenant vers les racines du rock and roll. Un premier essai plus que réussi qui méritera d'être transformé rapidement en LP, afin de s'assurer que leur recette tient sur la longueur.