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Savages

Silence Yourself

Savages - Silence Yourself
Chronique Album
Date de sortie : 06.05.2013
Label : Pop Noire/Matador Records
45
Rédigé par Amandine, le 3 mai 2013
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Quatre visages féminins se détachant d’une ambiance froide et monochrome accompagnés d’une ultime sommation : « Silence Yourself » ; c’est ainsi que les Londoniennes de Savages, vantées comme n’étant rien de moins que le renouveau du post-punk, nous intiment de les rejoindre pour assister à leurs premiers pas en studio.

A l’heure où le monde de la musique semble ne tourner qu’autour des PSY, Bruno Mars, et autres machines à vendre telles que Daft Punk, quelques électrons libres d’un autre temps viennent nous cueillir pour nous sortir de notre torpeur, nous insufflant un ultime espoir.
En véritable anti-« Typical Girl », étendard d’une nouvelle voix et résurgence d’une revendication féminine et féministe mise à mal ces derniers mois, Jehnny Beth (John & Jehn) semble bel et bien répondre à la maxime « Mens sana in corpore sano ». C’est d’ailleurs sous son propre label, Pop Noire, que sort aujourd’hui ce joyau brut qu’est Silence Yourself. Comme l’envoûtante brunette nous le rappelle, Savages n’essaient pas de procurer à l’auditeur de nouvelles sensations mais tentent plutôt de faire ressurgir de vieux fantômes enfouis depuis des années, dans l’espoir de reconnecter et de révéler le soi physique et émotionnel afin de vivre ses propres expériences différemment.

Pour cela, pas d’artifices ou de jolis emballages mais plutôt des rythmes syncopés, une voix caverneuse et des déflagrations de guitares. A contrario de l’image de la femme véhiculée par notre société, Jehnny, à l'instar de Siouxsie Sioux, démontre que sans jouer de séduction, la tension sexuelle peut monter à son paroxysme et l’animalité latente chez chacun d’entre nous est ravivée par les « Oh hit me with your hands, it’s the only way I ever learn » (de leur titre Hit Me, nous remémorant, dans un autre style mais suivant le même schéma provocateur, le Slap Your Mammy de Devo trente-cinq ans en arrière).
Finissant par percer la forteresse de notre conscience, Savages nous rappellent à nos plus bas instincts, usant de ballades bancales et douloureuses ou de brûlots post-punk effrénés ; les fûts résonnent comme en cette fin des années 70, quelque part à Manchester, lorsque Ian Curtis expérimentait les prémices d’une nouvelle ère musicale, faite d’opacité, de pessimisme et d’un pragmatisme sanglant. Si la comparaison avec Joy Division est facile, elle est ici incontournable : par la même beauté noire, ils mélangent et rapprochent les contraires, comme pour mieux faire entendre la dualité de l’être humain. Malsain, lancinant, Strife finira par nous mettre mal à l’aise, mais de ce genre de malaise qui nous procure un plaisir presque honteux. La musique de Savages est viscérale et se vit plutôt qu’elle ne s’écoute.

Dans notre monde déclinant fait de groupes éphémères, Savages viennent plonger les auditeurs dans leur antre glacial ; la rage effaçant l’énergie brute, le quatuor sert les dents pour délivrer un manifeste des dérives de nos sociétés aseptisées criant de réalisme. Quatre filles et une dose de testostérone à faire pâlir les ZZ Top.
tracklisting
    01. Shut Up
  • 02. I Am Here
  • 03. City’s Full
  • 04. Strife
  • 05. Waiting For A Sign
  • 06. Dead Nature
  • 07. She Will
  • 08. No Face
  • 09. Hit Me
  • 10. Husbands
  • 11. Marshal Dear
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    She Will, No Face, Hit Me
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