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Mineral

Plastic Ekphrastic

Mineral - Plastic Ekphrastic
Chronique Album
Date de sortie : 28.10.2013
Label : 359 Music/Cherry Red Records
3
Rédigé par Olivier Kalousdian, le 5 février 2014
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Qui n'a pas fondu ou médité sur les seize minutes de vocalises et de progress rock du légendaire titre Again du groupe Archive ? Alors un des piliers de la formation protéiforme anglaise, Archive, Craig Walker est la voix de leur troisième album à partir duquel le groupe adoptera des influences psyché et krautrock revendiquées. Jusque-là cantonnés dans des sons plus trip-hop (You Make Me Feel) d'où l'on devine néanmoins que l'influence de l'électronique au service du ton émotionnel sera l'épine dorsale du groupe, Archive renaît pour certains et se met à simplement à exister pour d'autres avec, entre 2002 et 2004, la présence de Craig Walker et l'album You All Look The Same To Me. Poursuivant avec les albums Noise et Unplugged (plus une Bande Originale pour Michel Vaillant, le film de Luc Besson) Craig Walker semblait devoir s'imposer aux cotés de Darius Keeler et Danny Griffiths comme le leader scénique naturel et un des auteurs du groupe pour les années à venir... Portés par leur aura planétaire mais freinés par un « différend entre musiciens » (version officielle), Archive se sépareront de Craig Walker en pleine tournée 2004 pour le remplacer par Dave Pen au chant, vite rejoint par l'Allemand Pollard Berrier par la suite.

Mais Craig Walker, l'Irlandais aux cheveux de feu, avait déjà bourlingué dans plusieurs autres formations avant Archive ; il n'était donc pas question pour lui de s'arrêter en si bon chemin. Revenu de la boisson (le premier titre, Serial Monkey, parle d'un singe dans sa tête qu'il faut nourrir sans cesse), il collabore à de multiples projets entre 2004 et 2009 (notamment, Bang Gang et Demon) et forme son propre groupe franco-irlandais, Mineral dont le premier album est sorti outre-Manche en octobre dernier sous le nom de Plastic Ekphrastic.
Fort de vingt années de collaborations musicales et autant de succès que de déboires, c'est avec impatience et curiosité que ce premier album du groupe de Craig Walker est guetté par la presse spécialisée. La solitude, l'amour entre la passion et la haine ou encore l'absurde et la rébellion... tels sont, ici, les thèmes chers à Craig Walker et un tantinet autobiographiques, comme il se doit.

Dés le deuxième titre, Atoms, on retrouve la lourde basse qui mène le jeu et les nombreux calques sonores qui ont marqué la collaboration de Craig Walker au sein d'Archive d'une empreinte fossilisée pour l'éternité sur un titre comme Again. Atoms : treize minutes d'une composition à trois étages où les voix et tempos évoluent au gré des breaks et ponts qui jonchent ce titre fleuve, dans une construction qui doit plus aux digressions de Paul McCartney période The Wings que celles généralement issues du Krautrock. Un très beau début porté par un très beau vidéo clip tourné en noir et blanc à Paris. Signé sur le label 359 Music d'Alan McGee, Mineral puisent du côté de la synth-pop ciselée et rêveuse que mènent les Metronomy depuis l'album English Riviera. Alignant dix compositions impeccablement réalisées, même si parfois inégales, avec, en prime la voix de Sophie Armelle sur le troisième titre, Bleeding The Beast ou sur le bien nommé Cynical (sûrement titre le plus froid de l'album), Plastic Ekphrastic est une des bonnes surprises du début d'année de ce côté de la Manche.

Avec le titre Mi-Clos, Craig Walker expérimente les paroles en Français sur une atmosphère qui ne manque pas d'Air, alors que sur 7 Stone, l'électro underground est enfin libérée via les synthétiseurs lunaires de Thierry Fournié et les programmations machines de Damien Li. Avec le titre, 1989 (pour les Smashing Pumpkins, Craig Walker ou Prince, les fins de décades semblent revêtir une importance toute particulière !) c'est une pop urbaine plus large et consensuelle qui anime Mineral ; Gabriel Stebbing et son groupe Night Works ne sont pas très loin.
La conclusion de l'album avec le titre éponyme, Plastic Ekphrastic puise d'abord dans la déconstruction des Talking Heads et enchaîne sur des sonorités synthétiques très simples, mais qui, jouées en répétition sur une voix mécanique et un tempo en constante augmentation, ramènent aux meilleures heures de la new wave anglaise ; l'optimisme en plus.

Manquant parfois un peu de mordant, Plastic Ekphrastic est un premier disque bien fait qui pourrait annoncer un avenir plus pérenne pour Mineral que pour les projets passés de Craig Walker. Dans un style qui pourrait être qualifié de minimaliste, comparé aux œuvres cathédrales de son ancienne formation Archive, Craig Walker signe là un retour en grâce dans le landernau des progressistes de la dream pop anglaise.
tracklisting
    01. Serial Monkey
  • 02. Atoms
  • 03. Bleeding The Beast
  • 04. Cynical
  • 05. Love Divine
  • 06. Mi-Clos
  • 07. Stone
  • 08. 1989
  • 09. Brainwashed
  • 10. Plastic Ekphrastic
titres conseillés
    Atoms - Plastic Ekphrastic - Serial Monkey
notes des lecteurs