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Soulsavers

Kubrick

Soulsavers - Kubrick
Chronique Album
Date de sortie : 04.12.2015
Label : San Quentin
3
Rédigé par Cassandre Gouillaud, le 21 décembre 2015
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Qui ose ainsi s'attaquer au mastodonte Kubrick ? Il fallait au moins être Rich Machin et Ian Glover pour en saisir l'opportunité et réaliser un tel tour de force. Même pas deux mois après la sortie d'Angels & Ghosts, réalisé en collaboration avec Dave Gahan, Soulsavers remettent le couvert avec un album instrumental qui articule jusqu'à la plus discrète de ses harmonies autour de l'oeuvre du réalisateur new-yorkais.

Chaque chanson de cet album apparaît comme une ode aux personnages de Kubrick, du tortueux Alex DeLarge d'Orange Mécanique à l'opulent Victor Ziegler d'Eyes Wide Shut. Kubrick apparaît plus aérien que son prédécesseur, bâti autour d'un orchestre à cordes qui s'improvise fil conducteur d'un album profondément lyrique. Soulsavers ne chercheraient-ils pas ici à revisiter les profondeurs de ces personnages, faits d'imagination et de papier ?
Il semble comme y avoir quelque chose d'intime dans ces compositions, qui paraissent bien trop sensibles pour n'être que de froids hommages cinématographiques. DeLarge ne porte pas en elle toute cette ultra-violence qui est celle d'Alex, sans pour autant que le lent piano et le tempo ne manquent de perturber le calme ambiant par une pesanteur graduelle, soutenue par l'écho des cordes de plus en plus vibrant. Quant à Torrance, issue en grande partie de Point Sur – Pt.1 présente sur The Light The Dead See, elle se pare tantôt de sous-tons plus graves, tantôt d'envolées plus criantes qui induisent une tension rampante.

Joker ferait presque figure de rupture sur Kubrick, voyant la réintroduction d'une guitare électrique brouillée venant contraster avec la pureté harmonique qui avait jusque-là prédominé. Hal et Mandrake renouent quant à elles, avec une pointe de déception, avec le reste de l'effort, nettement moins abrupt. Cette dernière fait le choix d'une légèreté sans égal, mobilisant une guitare acoustique et un piano, associés aux éternelles cordes, pour rendre compte d'une forme d'insouciance paisible. Quant à Ziegler, qui vient clôturer l'album, c'est aussi avec regret qu'elle apparaît pensée davantage comme une outro qu'une entité en elle-même, condamnant à une fin brutale un morceau pourtant emprunt de délicatesse.

Forcément, il fallait au moins Soulsavers pour prétendre construire cet album autour de Kubrick. Le résultat est à l'image de ce qu'il était possible de désirer ; subtile, délicat et intime. Pour autant, l'ensemble manque certainement de couleur et d'éclat, pêchant sur la durée alors que les premiers instants paraissaient être prometteurs. A cette forme de retenue, il aura sans aucun doute manqué le contraste nécessaire à la mise en œuvre d'un juste épilogue kubrickien.
tracklisting
    01. DeLarge
  • 02. Clay
  • 03. Torrance
  • 04. Dax
  • 05. Joker
  • 06. Hal
  • 07. Mandrake
  • 08. Ziegler
titres conseillés
    DeLarge - Joker
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