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For Noise Festival

Pully, du 21 au 23 août 2014

Live-report rédigé par Amandine le 10 septembre 2014

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C’est désormais une tradition annuelle : le For Noise de Pully marque la fin des vacances suisses mais est aussi et surtout l’occasion de découvrir et savourer des artistes de qualité dans un cadre idyllique.

Pour ceux qui auraient manqué les chapitres précédents, le For Noise est un petit festival indépendant à quelques kilomètres de Lausanne, dans une cuvette à l’orée d’une petite forêt. La jauge maximale étant fixée à 2500 personnes, nous ne pouvons que nous réjouir de cette ambiance quasi inédite. Le festival se déroule sur trois scènes différentes : la grande en extérieur et les deux petites en intérieur (dont l’Abraxas, ancien club rock de Lausanne qui a vu défiler de beaux noms). Ici, pas de camping, c’est un luxe de rentrer à la maison tous les soirs (comme Rock en Seine, les hipsters en moins), de manger des snacks délicieux et de dépenser des dizaines de Francs Suisses aux couleurs du Monopoly sans même s’en rendre compte. Bref, la douceur de vivre façon helvète.
Cette année, Blondie, Beirut, Other Lives ou encore Thurston Moore se succèderont sur la Grande Scène tandis que les petites salles accueilleront les jeunes talents tels qu’Adult Jazz ou Sean Nicholas Savage. Comme chaque année, nous aurons aussi la chance de découvrir nombre de talents locaux. Malheureusement, la météo des derniers jours dans le canton de Vaud laisse présager trois journées fraîches et humides (nous ne vous referons pas le quart d’heure drama queen météo, il vous suffit pour ça d’ouvrir vos fenêtres pour constater la grisaille ambiante). Malgré tout, c’est le sourire aux lèvres que nous arrivons au stand des accréditations le jeudi peu avant le premier concert.

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Une fois notre bracelet vert (nouveauté 2014) signifiant que nous sommes en âge de boire l’alcool que nous désirons, nous nous rendons jusqu’à la Grande Scène. Là, surprise que de voir autant de monde pour un concert à 19h. L’artiste qui ouvre cette édition 2014 y est pour quelque chose ; en effet, si le nom d’Anna Aaron ne vous est pas familier en France, cette jeune femme est une star en Suisse et les spectateurs sont venus en masse l’applaudir. Musicalement, la Suissesse pioche allègrement du côté de PJ Harvey durant ses passages rock mais sait aussi proposer des instants plus doux. Si l’audience est réceptive, il n’en est pas de même de notre côté et nous en profitons pour faire le tour des lieux et saluer les connaissances.

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Les hostilités débuteront pour le prochain concert, dans la petite salle de l’Abraxas où l’air est encore respirable en ce tout début de soirée. La première claque du festival se nomme Blind Butcher et vient de Lucerne. Le duo déglingué déboule sur la minuscule scène en collants beige et hauts pailletés, façon glam rock trash. A la batterie, un petit rouquin barbu talentueux et au chant/guitare, une grande gigue peroxydée coupe au carré à frange. Leur bonne humeur, leur énergie ainsi que leur présence scénique attrapera notre attention au vol dès les premières minutes. Au programme, un rock catchy agrémenté de quelques touches électro assurées par le pied gauche du batteur (jolie performance de désynchronisation au passage). Collés à la scène et donc aux enceintes, notre corps vit les basses sans pour autant en souffrir et le son est très bon pour la petite salle dont cet aspect technique n’a jamais été la grande spécialité. Un petit problème de lumière ? Blind Butcher ne s’en préoccupe pas et le duo continue à jouer, imperturbable. Il réussit même la prouesse de nous faire aimer un titre chanté en suisse allemand. Si la gestuelle et le rock primitif nous rappellent souvent Iggy And The Stooges, la voix a des échos de David Byrne et le burlesque du show n’est pas sans rappeler les grandes heures des Talking Heads.

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Alors que leur set s’achève, nous rejoignons rapidement la fraîcheur de la Grande Scène pour l’instant psyché de la soirée avec The Ghost Of A Saber Tooth Tiger (aka The GOASTT). Nous avions laissé Sean Lennon, il y a de nombreuses années maintenant, lorsqu’il se produisait encore avec ses mélodies pop enveloppées. Aujourd’hui, nous le retrouvons avec un groupe, co-lead singer avec sa femme, Charlotte Kemp. Quiconque a pu entendre la progéniture de la tête pensante des Beatles ne peut ignorer la ressemblance vocale avec Sean. Néanmoins, aujourd’hui, les vocoders et autres effets de voix viendront ternir l’organe du fils prodigue.
Affublé d’un chapeau et arborant une longue tignasse, Sean Lennon semble tout droit sorti des années psyché et sa musique vient appuyer en ce sens. Dans les premières minutes, on pense à un problème de balances mais très vite, on se rend compte que les effets de voix omniprésents viennent tuer la totalité de la prestation qui en devient quasi inaudible. Dommage car Sean joue le jeu en proposant, dans la langue de Molière, de nombreuses interactions avec son public. The GOASTT ne sera définitivement pas le moment de ce For Noise 2014 et nous préférons oublier un concert bien trop inintéressant par rapport à la publicité autour du groupe.

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Nous continuons donc doucement cette soirée à l’Abraxas avec les Belges de Tape Tum. Les arrangeurs du dernier album de Girls In Hawaii nous proposent une pop bien ficelée, pour un set montant en puissance, malgré les quelques soucis techniques. Leurs rythmiques nous ramènent à la musique de The Dodos. Les harmonies vocales sont parfaites mais nous ne pourrons malheureusement pas assister à la totalité de leur concert, la faute à LA tête d’affiche de la soirée, Beirut.

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L’histoire d’amour avec Zach Condon dure depuis un certain Gulag Orchestar et son don inégalable pour marier la pop lyrique à la musique des Balkans. Pourtant, malgré un talent indéniable, les rencontres avec Beirut ont toujours été des rendez-vous manqués. Qu’il s’agisse de Rock en Seine ou, plus récemment, du We Love Green Festival, la chaleur des compositions de Beirut n’a jamais su reproduire celle des albums. Pourtant, ce soir, au milieu de la forêt de Pully, le cadre est idyllique pour magnifier la sensibilité du jeune artiste. Alors que la nuit est tombée et que les chapiteaux aux lumières colorées parsèment le site, Zach Condon et sa troupe débutent leur concert sur le magnifique Nantes et l’on se plaît à imaginer la suite. Exit le visage poupon du jeune homme : c’est aminci et avec une barbe naissante qu’on le retrouve, plus en forme que jamais. La setlist sera parfaite : d’une version épique de Postcards From Italy à de nouveaux titres issus de l’album à venir, la prestation est grandiose et la magie rappelle un certain été où Jónsi, leader de Sigur Rós, avait figé le For Noise par un concert inoubliable. Jamais une seule fausse note et pendant l’heure et demie que durera le set, l’Américain saura toujours poser sa voix à la perfection. Inutile de préciser que nos ambitions quant au concert de Samba De La Muerte seront mortes dans l'oeuf tant nous souhaitons terminer sur la sublime prestation de Condon.

Là où ne l’attendait pas, le For Noise aura, pour sa première soirée, plus que tenu ses premières promesses : de la fougue de Blind Butcher à la haute voltige de Beirut, il est temps de rentrer se réchauffer quelques heures avant la suite des festivités. Adieu !
artistes
    Beirut
    The GOASTT
    Anna Aaron
    Billie Bird
    Blind Butcher
    Tape Tum
    Larytta DJ Set
    Siôn Russell Jones
    Thomaten und Beeren
    Samba de la Muerte
    Bit-Tuner
photos du festival