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The Kooks

Never/Know

The Kooks - Never/Know
Chronique Album
Date de sortie : 09.05.2025
Label : Virgin Music Group
35
Rédigé par Jordan Meynard, le 8 mai 2025
Cela fait presque vingt ans que The Kooks ont déboulé dans nos vies avec Inside In/Inside Out, ce disque d'adolescents indisciplinés, de guitares simples mais furieusement efficaces, et de refrains que l'on chantait comme des slogans dans les rues et les festivals. Après un album en 2022 plutôt malin dans sa forme (10 Tracks To Echo In The Dark), éclaté en trois livraisons successives pour coller aux usages modernes du streaming, le groupe montrait une mue intéressante : autrefois étiquetés « indie pour ados », The Kooks assumaient une écriture plus adulte, des choix plus libres, un virage sonore électro-pop maîtrisé. Après des années à incarner une certaine idée de l'indie britannique, The Kooks semblaient prêts à faire un pas de côté — pas par lassitude, mais pour chercher autre chose, avec l'envie manifeste de ne pas se répéter.

The Kooks reviennent avec Never/Know, conçu comme l'inverse : onze morceaux, enregistrés en cinq jours, dans un esprit de spontanéité revendiquée. Luke Pritchard veut revenir à l'essentiel, au plaisir brut d'écrire des chansons, à l'énergie d'un groupe en prise directe avec ses racines. L'idée est belle. Le disque, lui, est bien fait. Trop, peut-être.

Il y a dans Never/Know tout ce qui rend un disque « écoutable » au sens algorithmique du terme : du soleil, des guitares bien placées, une production soignée et des voix en place. Les références sont là - un peu de soul par endroits (Sunny Baby, ses chœurs féminins façon Motown), quelques relents Beatles (Echo Chamber, ses nappes de synthé hypnotiques), un soupçon de Stones (Talk About It, qui termine l'album sur un groove plus brut), et beaucoup de Kooks. Mais rien ne dépasse. Aucun titre ne déborde. Aucun ne creuse. On reste à la surface d'un disque qui choisit la chaleur immédiate à la brûlure durable.

Il y a pourtant des instants qui laissent entrevoir ce que cet album aurait pu devenir. If They Could Only Know en est la preuve éclatante. Deux minutes et quarante secondes de simplicité désarmante, portées par une instrumentation électrique minimaliste et une voix claire, où Luke Pritchard touche juste sans en faire trop. Pas de gimmick, pas de pose : juste une chanson, évidente. Elle rappelle que The Kooks sont toujours capables de faire du Kooks, mais en mieux. Pas en copiant leur formule d'avant, mais en en retrouvant la sincérité. Autre bon moment : Compass Will Fracture, qui débute avec un riff qui pourrait presque être le jumeau calme de Do You Wanna. Même motif en boucle, même tension douce, mais moins nerveuse, plus posée. Un écho maîtrisé à leur fougue d'antan, presque contenu.
China Town convoque une guitare acoustique aux accents 70s et des chœurs à l'ancienne. All Over The World, lui, déroule un phrasé presque parlé sur fond de claviers rétro et de batterie souple. Quant à Arrow Through Me, reprise fidèle et sans surenchère de Paul McCartney & Wings, elle s'installe dans un groove doux, entre flûte, clavier et basse ronde. Ces respirations fonctionnent, mais elles restent des promesses non tenues.

Et c'est bien ce décalage entre le potentiel qu'on devine et la retenue constante qui rend Never/Know frustrant. Luke Pritchard reste un excellent songwriter mélodique, sa voix est toujours aussi immédiatement identifiable. Hugh Harris est un guitariste subtil, au goût sûr, jamais démonstratif. Ensemble, ils ont les outils pour aller plus loin. Ce qui manque ici, c'est l'élan. Pas l'ambition commerciale - l'ambition artistique. Celle qui pousse à sortir de la ligne, à aller chercher une émotion plus brute, à déranger un peu la forme. Celle que Pritchard avait brièvement effleurée avec DUO, un projet solo plus risqué, plus dépouillé - donc plus vivant.

Never/Know n'est pas un mauvais disque. Ce n'est même pas un disque paresseux. C'est un album propre, sincère, qui coche les cases. Mais il ne cherche jamais à surprendre. C'est une carte postale bien écrite, envoyée depuis un paysage familier, avec les couleurs du moment et quelques mots rassurants. On la lit avec tendresse, on sourit, puis on la repose. Les Kooks nous donnent des nouvelles - poliment, tranquillement - sans vraiment rouvrir le dialogue complètement.
tracklisting
    01. Never Know
  • 02. Sunny Baby
  • 03. All Over The World
  • 04. If They Could Only Know
  • 05. China Town
  • 06. Compass Will Fracture
  • 07. Tough At The Top
  • 08. Arrow Through Me
  • 09. Echo Chamber
  • 10. Let You Go
  • 11. Talk About It
titres conseillés
    If They Could Only Know, Compass Will Fracture
notes des lecteurs
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