James

En ce début de mois de mai, James nous proposent donc la captation, en CD, vinyle et DVD, d'un concert enregistré le 10 juillet 2023 à l'Acropolis d'Athènes en compagnie du Orca 22 Orchestra et du Manchester Inspirational Voices Gospel Choir. Ce projet s'inscrit dans la lignée directe de Be Opened By The Wonderful paru un mois avant cette prestation, et qui proposait déjà la relecture de plusieurs titres du groupe en compagnie de ces deux formations classiques.

On craint donc légitimement le syndrome de la redite, et force est de constater que sur les vingt-six titres joués ce soir-là, seize figurent déjà sur Be Opened By The Wonderful. Autre risque inhérent à l'exercice : trouver un équilibre satisfaisant. Car ce n'est pas Tim Booth, mais bien James au complet, qui est accompagné d'un orchestre et d'un chœur. Et on sait combien le mariage formation rock / formation(s) classique (s) peut aboutir à des horreurs.

On est rapidement rassurés car, déjà, le mixage est bien réalisé et, d'autre part, on ne distingue pas de retouches flagrantes tout au long du concert. S'agissant des interprétations, le mariage entre rock et classique ne fait pas de quartiers : soit cela magnifie une composition déjà très solide, soit cela ne fait qu'en amplifier les défauts. Et on sait que la discographie de James est composée d'albums alternant très bons titres et morceaux beaucoup plus quelconques, excepté bien évidemment l'album Laid, qui demeure(ra ?) de très loin ce que le groupe a fait de mieux. La setlist piochant un peu partout dans cette discographie, on a donc à boire et à manger au cours de ce concert, même si rien ne s'avère franchement indigeste. Comme grands moments, on retiendra donc Dust Motes, Say Something en premier extrait de Laid et premier morceau à déclencher la ferveur du public, Nothing But Love, She's A Star (avec une superbe performance de Tim Booth), la quasi americanesque Riders ou bien évidemment Laid. A contrario, dans les sorties de route, notons Space, Sit Down, la pataude Medieval ou la démonstration technique un peu vaine de Alaskan Pipeline.

Globalement, le disque s'écoute sans déplaisir, et on ne voit pas (trop) le temps passer jusqu'à la fin du concert. Et la fin du concert – l'avant-dernier morceau en l'occurrence – c'est évidemment Sometimes. Alors certes, James doivent en avoir marre qu'on les bassine avec ce titre, mais il faut quand même l'écrire, cette chanson reste leur coup de génie absolu. De l'excellent Coldplay première époque (merci Brian Eno) avec près de dix ans d'avance, le tout sur trois accords. Alors forcément, avec orchestre et chœurs, on s'attend à tout. A tout sauf à ça : La version jouée ce soir-là est exceptionnelle, tout simplement. Une parenthèse de dix minutes qui fait se dresser les poils à chaque écoute. Et, sans spoiler, le public ne donne pas sa langue au chat, c'est le moins que l'on puisse dire. A écouter en urgence, toutes affaires cessantes. Le concert se termine par Top Of The World, mais l'ensemble aurait pu jouer La Zoubida, cela aurait eu le même effet : on reste totalement bloqués sur Sometimes et la puissance émotionnelle démentielle fournie par ce titre ce soir-là.

Rien que pour ça, on pardonne à James les quelques longueurs du concert et l'histoire des seize titres en commun avec le disque précédent. Merci mesdames et messieurs.