logo SOV

Primavera Sound Festival

Barcelone, du 27 au 31 mai 2015

Live-report rédigé par François Freundlich le 5 juin 2015

Bookmark and Share
Le Primavera Sound Festival est sans conteste l'un des festivals européens les plus excitants avec sa programmation réunissant chaque année les meilleurs groupes actuels, son site gigantesque où l'on se sent comme à la maison et le cadre magique de Barcelone. Cette année encore, nous nous préparons à arpenter les multiples scènes avec amis, bières et chaleur. Ce jour d'ouverture complètement gratuit au Parc Del Forum permet de nous acclimater avec les premiers concerts donnés sur la grande scène ATP, surtout après un mardi soir entre SOViens dans le centre de Barcelone déjà très animé.

SOV

Nous arrivons alors que Cinerama débutent leur concert devant des festivaliers en goguette, lunettes de soleil bien accrochées. Le projet parallèle de David Gedge, leader de The Wedding Present, nous sucre les oreilles de compositions recherchées, teintées d'indie pop méticuleuse et joyeuse. C'est un vrai orchestre symphonique qui se produit avec des arrangements précis et entrainants de violoncelles, violons, synthé, cuivres ou autres flûtes traversières,. Les britanniques n'ont pas choisi leur nom au hasard puisqu'on a l'impression d'assister à la bande originale d'un film qui pourrait certainement prendre une tournure très différente en fonction de l'endroit et de l'atmosphère ambiante. Sous la chaleur Barcelonaise, on a plutôt l'impression d'être dans un feel-good road movie le long des plages Catalanes. David Gedge se la joue Sinatra, avec son micro pour seule arme, une voix profonde et un souffle pénétrant rappelant The National. On l'a bien compris, le Primavera Sound Festival a voulu nous mettre un bonbon acidulé à la violette sous la bouche en guise de prélude et c'est pleinement réussi.

SOV

La première tête d'affiche du soir est un autre side-project d'un groupe bien connu, à savoir Albert Hammond Jr., guitariste de The Strokes, lesquels enflammeront à leur tour le Primavera Sound Festival trois jours plus tard. Son allure a quelque peu changé depuis la découverte de son projet lors des Transmusicales de Rennes 2006 : quelques années en plus mais un son reconnaissable toujours bien présent. Un aperçu de celui des Strokes en somme. Ses compositions n'ont presque rien à leur envier puisque toutes aussi tubesques avec cette voix particulière un brin aiguë et juvénile couvrant à peine les boucles de guitares aiguisées. On sent Albert un peu fébrile à certains moments, comme si il n'était pas très heureux de sa prestation, mais on passe un excellent moment malgré quelques approximations pardonnables. Le New-Yorkais nous met dans sa poche dès le début du concert avec sa reprise de Ever Fallen In Love (With Someone You Shouldn't've) des Buzzcocks pour les premiers sauts de cabri de votre chroniqueur. Ils l'enchainera avec deux titres redoutables : la très Strokesienne et des plus dansantes Everyone Get A Star, suivi par l'excellente Back To The 101 qu'on ne peut s'empêcher de chanter à tue-tête. Voilà un concert qui est passé tout seul, le nez en l'air, les yeux fermés et les membres en l'air, sans même que l'on s'en rende compte. Les adaptations électrisantes, même pour les titres les plus synthétiques. Un pur plaisir.

SOV

Nous savions depuis janvier et l'annonce de la programmation qu'Enola Gay de OMD était la bande son du trailer du festival. A force d'attendre le mois de mai, cette chanson s'est transformé dans notre esprit, passant de « vieux morceau kitsch » à « c'est bientôt le Primavera ». Confortablement installés sur les canapés du stand Martini, il ne nous a pas fallu beaucoup de temps pour sauter et courir vers la scène lorsque le groupe en a fait l'introduction de son concert. Nous arrivons juste à temps pour reprendre le fameux « Enola Gay » qui débute le morceau avant de remuer notre corps sur les petites montées de synthés vintage. Ce titre sur lequel on a pu danser lors des folles soirées au village de vacances de Forges-Les-Eaux pendant notre adolescence devient subitement le summum du cool grâce à la magie du Primavera Sound Festival.
Les anglais sont tirés à quatre épingles, costume classieux devant leurs multiples synthés tandis que la voix semble provenir directement des 80's sans avoir rien perdu de sa grosse saveur. Ça danse et ça tape des mains à tout va, les OMD semblent jouer le concert de leur vie, levant les bras au ciel, déployant une synth-pop parfois kitsch, parfois surprenante. On réentend des gimmicks que l'on connaît par cœur, sans savoir qu'ils venaient de ce groupe, comme les cinq notes de (Forever) Live And Die. On se rapproche parfois de très près d'un Depeche Mode en slow motion même si certains passages restent très dispensables. Orchestral Manoeuvres In The Dark termineront sur la frétillante Electricity et ses petits claviers ultra-dansants. Ce genre de concert ou de vieilles photos argentiques nous reviennent subitement à l'esprit sans crier gare.

Nous quittons le Parc Del Forum momentanément pour rejoindre le centre ville de Barcelone et la Sala Apolo où la nouvelle génération va succéder à l'ancienne. Viet Cong entrent en scène avec la fureur d'en découdre face à un public Barcelonais chauffé à blanc et qui a encore toute son énergie à revendre. Les Canadiens rageurs, composés de membres de l'excellent groupe Women, débarquent comme des morts de faim sur la scène de l'Apolo pour disperser un son d'une intensité folle. Il fait subitement dix mille degrés et les mouvements de foule s'enchainent. Leur shoegaze post-punk est terriblement efficace et les titres de leur excellent premier album éponyme sorti en janvier s'enchainent sans temps morts. Les Viet Cong nous hypnotisent complètement, atteignant un sommet sur Continental Shelf, tube naturel et destructeur qui enflammera la salle comme rarement. On n'oubliera pas de sitôt le marathon de quinze minutes sur Death et sa basse excitée à l'extrême. Faire son concert de l'année alors que le festival vient à peine de commencer, on ne s'y attendait pas vraiment mais avouons que cette salle était l'écrin idéal pour un groupe comme Viet Cong. Le quartet de Calgary s'est offert complètement et nous n'en ressortons pas indemnes face à cette démonstration de frénésie et de passion.

Cette entrée en matière fut des plus réussies, nous repartons avec les oreilles emmitouflées des guitares acérées de Viet Cong et attendons la début des choses sérieuses avec la plus grande impatience !
artistes
    Albert Hammond, Jr.
    Benjamin Booker
    Christina Rosenvinge
    Cinerama
    Der Panther
    Florent y Yo
    Har Mar Superstar (DJ set)
    Las Ruinas
    Mëther & Zacker
    Nancy Whang (dj set)
    Ochocinco
    OMD
    Panama
    Rombo
    Say Yes Dog
    The Juan MacLean (live)
    The Suicide Of Western Culture
    Viet Cong