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La Route du Rock

Saint-Malo, du 15 au 17 août 2007

Live-report rédigé par Johan le 19 août 2007

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mercredi 15
Jamais en panne d'inspiration, la Route du Rock a su, cette année encore, faire le plein de groupes multiples et variés. Entre New Young Pony Club, Art Brut, Electrelane, The Go! Team et Fujiya & Miyagi, l'Angleterre a brillamment représenté cette diversité musicale que, depuis 1991, Saint-Malo peut être fier d'offrir à un public enthousiaste tout au long de trois jours qui filent sans cesse comme la pluie.

Premier jour du festival et premier coup de coeur sur le folk mélancolique de l'américain Elvis Perkins. Fils des acteurs Anthony Perkins et Berry Berenson, tous deux décédés quand il eût 16 puis 25 ans, sa musique ne pouvait évidemment respirer la joie de vivre. Moins amer que sur son émouvant Ash Wednesday, le jeune songwriter joue avec son groupe sur l'intensité de ses compositions en leur ajoutant l'énergie qui leur confère un statut moins intime et plus approprié pour un festival d'été, a fortiori en fin d'après-midi où la pluie n'a pas encore fait son apparition. Seul le somptueux It's Only Me garde son caractère épuré, interprété guitare/harmonica par un Elvis Perkins seul sur scène, solennel et sincère. Elvis Perkins, Top of the Pops.

Dans la même veine, bien que plus saillante et située cette fois dans les jambes, l'anti-folk des barbus d'Herman Düne se parent d'instrumentations festives pour un show concentré en grande partie sur Giant, dernier album du groupe moins sombre et régulier. La preuve en est la pop cuivrée et décomplexée de Take Me Back To NYC qui marie spleen et tumulte électrique avec délectation. Avec Ben – mais sans Cyan – à la basse, les blagues subtiles qui tombent à l'eau de David Düne et ses quelques éclaircies suraigues pour un air à la Devendra Banhart, le temps ne pouvait être que revigorant et extrêmement chaleureux. Herman Düne, Top of the Pops.

22h. Alors que la pluie bat son plein, The National frappent à bâtons rompus dans le vide. Trop électrisées, les formidables mélodies de Boxer tombent malheureusement les unes après les autres dans un capharnaüm assourdissant. Même la voix percutante de Matt Berninger ne vient pas à bout de ce son bien trop agressif qui dessert une bonne moitié du concert. Seule sa performance scénique laisse jubilatoire. La passion qu'il ressent sur scène se fait grandement sentir et on se laisse emporter avec lui quand il vient à slammer au milieu d'une foule déchaînée. The National, Top of the Pops.

Art Brut viennent faire le show à 23h30 comme eux seuls en sont capables. Des hymnes explosifs de Bang Bang Rock'n'Roll aux hymnes explosifs de It's A Bit Complicated, le groupe embrase la seule scène du Fort de Saint-Père. Eddie Argos et son humour ravageur et véritablement inventif sait comment tenir son audience. De la saynète irrésistible de Emily Kane – « stop thinkin' about your ex ... NOW ! » – à la liste des groupes présents ce soir tous Top of the Pops, en passant par les quelques secondes imparables de Formed A Band, tout est conçu pour se déhancher furieusement face au groupe britannique le plus innovant de ces dernières années. Art Brut, Top of the Pops.

Tandis que leur second album Proof Of Youth sort le 10 septembre – la chanteuse Ninja l'a suffisamment répété durant le concert – les délirants The Go! Team continuent de faire gesticuler un public qui n'a, pour la plupart, jamais entendu parler du groupe de Brighton et attend le set de Justice. Entre les instrumentaux de Thunder, Lightning, Strike qui prennent alors tout leur sens en ce mercredi soir et ses quelques tubes dont le génial Ladyflash, The Go! Team distillent trois nouvelles compositions – quatre si l'on prend en compte le dernier single Grip Like A Vice – qui promet un album plus immédiat et essentiel que le premier, mélangeant hip-hop, electro funk et indie rock qui se font ici bien plus bruts, moins brouillons. The Go! Team, Top of the Pops.

2h30. Dernière bière ingurgitée, 18h30. Et pourtant, fixer une croix pendant plus d'une heure en remuant sottement la tête de bas en haut est la seule chose qui vienne à l'esprit. De l'intro Genesis aux dix minutes enivrantes de We Are Your Friends, Justice ne font pas que répéter mécaniquement ce que renferme. Ils jouent avec leur audience en maltraitant à l'infini leurs compositions, à l'image de D.A.N.C.E, probablement le titre le moins efficace de l'album qui explose en live tant le duo le triture dans tous les sens jusqu'à leur explosion. Gauche droite, cette fois c'est la succession phénoménale du tragique Let There Be Light et de l'acide Stress qui se révèle fatale, avant que les sirènes des Klaxons ne viennent finalement hypnotiser les oreilles sur un We Are Your Friends rabâché fiévreusement jusqu'à pas d'heure dans un camping qui prend des allures de rave éveillée. Justice, Top of the Pops.
artistes
    Elvis Perkins

    Herman Düne

    The National

    Art Brut

    The Go! Team

    Justice