La Route du Rock

Seconde journée et second groupe de Brighton qui débute les hostilités. Anglais de souche, Fujiya & Miyagi s'appellent en fait Steve Lewis, David Best et Matt Hainsby. Puisant leurs racines dans le hip-hop, la pop et l'electro – et tout ce qui gravite autour : krautrock, groove, noisy, dance –, le trio basse/guitare/clavier se contente d'une boîte à rythme pour batterie et d'un chant à la limite du parlé qui se révèle vite lassant. Synthétique et répétitif, le groupe plante hélas son ardu Transparent Thing sur des sommets trop plats et cachés derrière des montagnes de synthé inutiles.

Remplaçant la pop estivale des suédois Peter, Björn et John, les norvégiens de 120 Days envahissent le fort de Saint-Père de leur rock expérimental et animal. L'adolescent gigotant qui parle/chante sur des rythmiques tantôt new wave tantôt post rock devient vite pénible par tant d'arrogance. Les compositions de leur très bon album éponyme se suivent et se ressemblent tant chacun des musiciens semblent se contenter du strict minimum. Seule la nouvelle composition à l'electro dopant sort véritablement du lot, gardant éveillés pendant près de dix minutes les moins endurcis et ralliant à sa cause les premiers rangs.

Originaires de Montréal, The Besnard Lakes prolongent l'effet post rock de la soirée en l'étirant cette fois au maximum, déviant leur course contre la montre sur des terres aux envolées symphoniques magistrales et au psychédélisme galopant. The Besnard Lakes Are The Dark Horse affirme leur somptueux premier effort, transition parfaite entre les deux disques des autres québécois de Arcade Fire dont ils partagent les arrangements sombres et complexes. Apogée d'une prestation remarquable, Disaster touche aux choeurs des Dandy Warhols pour les passer au ralenti Velvet Underground où la banane perd de sa carnation ce qu'elle gagne en intensité.

Concernant The Smashing Pumpkins en revanche, la banane a bel et bien pourri à force d'être trop longtemps restée enfermée dans les galettes. Cette phrase n'a aucun sens tout comme le groupe à Corgan, réincarné en machine à sous où même les ressorts tubesques ont autant vieilli que leur auteur. Des dix minutes interminables de United States au FM indigeste de That's The Way et Tarantula, les titres de Zeitgeist hésitent maladroitement entre pop mielleuse et riffs métal bien gras qui coupent rapidement l'appétit. Après 1h30 d'un show au son puissant et carré, dégoulinant de tous les pores et manquant de consistance, le groupe nous confirme dans l'idée que les Pixies n'ont pas intérêt à se reformer à leur tour ou bien c'est l'hécatombe.

La soirée n'est heureusement pas terminée et à 1h débarquent donc New Young Pony Club et leur chanteuse pour le moins singulière. À la manière des autres anglais de The Go! Team, le quintet lance au public des bombinettes electro punk qui égrènent une ambiance festive. Des imparables singles Ice Cream et The Bomb à l'excellent funk de Hiding On The Staircase, la quasi totalité de l'album Fantastic Playroom est brillamment exécutée en ce jeudi soir, bien que malheureusement trop peu connue pour que la majorité se laisse aller au tour de rein plutôt que d'attendre au bar la prestation de Cansei de Ser Sexy.

Tout aussi allumée, la chanteuse de CSS mène donc la dernière danse avec une aisance phénoménale. Continuant sur la lancée disco rock des NYPC, les brésiliens vont encore plus loin dans la folie passagère en amenant des ballons de baudruche sur scène, en se parant d'un costume pailleté avec goût pour l'affolant Let's Make Love And Listen Death From Above ou encore en projetant par saccade des confettis en direction du public à la fin de ce même morceau. Ici encore, tout est fait pour que l'ambiance soit à la fête grâce aux perles dansantes Alcohol, Off The Hook, Alala et Meeting Paris Hilton, et surtout l'hilarante inédite live I Wanna Be Your J-Lo.