logo SOV

Micachu And The Shapes

Paris, Café de la Danse - 3 octobre 2015

Live-report par Déborah Galopin

Bookmark and Share
En une semaine, nous nous sommes rendus quatre fois au Café de la Danse. Vous allez croire qu’on a des royalties chez eux, mais pas du tout. Il faut juste dire ce qui est : il se passe des choses vraiment bien dans cette salle de concert. Ce samedi 3 octobre n’a pas fait exception. C’était la Nuit Blanche, mais aussi le Festival On aime la Musique ! Since 1976 d'agnès b. durant lequel ont joué Paris, Micachu & The Shapes et Poni Hoax.

19h30 tout pile, heure à laquelle est annoncée le début des concerts, les enceintes crachent déjà leur son. La salle n’est pas encore pleine. C’est le moment où on peut encore se faufiler pour être au plus près de la scène sans jouer des coudes. Nicolas Ker, chanteur du groupe Poni Hoax, est au micro, sauf qu’il ne s’agit pas de Poni Hoax. Paris est son nouveau projet dont le premier album est sorti en début de cette année après deux EPs. Le titre There Is A Storm semble presque être donné comme un avertissement.
Pompes cirées, lunettes teintées, ruban noir noué autour du cou et cheveux plaqués en arrière, il évoque une classe à la Fabrice Luchini. Paris est quand même un drôle de mélange entre métal, surf et club. Si, sur les premiers titres on peut rester réticent voire sceptique, la surprise se créée au fil du set, entre la profondeur grave de Come Back Johnny et l’électro folle de In Crowded Subways avec son « around and around » qu’il répète à l’infini, couplé à un instrumental répété et entêtant. Il y a quelque chose de sombre, parfois violent mais lancinant, menant au juste équilibre. Nicolas Ker allonge les syllabes appuyant le poids des mots. Sa voix se fait tantôt complainte tantôt rebelle, alternant un parler/gueuler. On ne peut pas l’encenser pour ses qualités vocales, mais par la façon dont il chante. Il le fait avec conviction tandis que ses mains s’élèvent et semblent presque donner la mesure tel un chef d’orchestre. Se dégage de ce personnage une sensibilité féroce.

SOV

C’est le très attendu groupe Micachu & The Shapes qui enchaîne en seconde partie. Les rumeurs s’élèvent parmi la foule. Réservée suite à l’écoute de leurs albums, je suis tout de même curieuse de vérifier les bons échos que j’en entends. Ils sont trois sur scène, aux looks unisexes et pas vraiment soignés. Sûrement, est-ce une façon de mieux mettre en avant leur musique. Pas d’artifices, juste l’essentiel. Ils commencent avec Mash One, morceau uniquement instrumental. Celui-ci annonce la couleur de leur univers minimaliste mais sans tout dévoiler pour autant. Mica Levi surprend par sa voix enrouée, rauque au possible. Elle ressemble à un instrument dont les cordes seraient cassées et pourtant sur lequel on s’acharnerait à jouer car il produit tout de même un son intéressant. Le tempo lent de la batterie s’ajoute à une guitare au son métallique et saturé. Le synthé au son montant et descendant vient apporter cette touche de légèreté bizarroïde et nécessaire.
Rapidement, un effet particulier se met en place. On le sent monter progressivement dans notre organisme. La musique vient nous habiter. Tous les morceaux sont à la fois différents et composés sur la même base : la répétition. Notre corps est empli de ce rythme, nous donnant un sentiment d’ébriété. Nous sommes saouls. Saouls de la musique de Micachu & The shapes. Il n’y a qu’à fermer les yeux pour en ressentir les palpitations dans nos veines. La simplicité se tient là dans toute sa splendeur. Avons-nous besoin d’en dire plus pour en vanter le génie ?

SOV

Nous n’avons pas encore dessaoulé de Micachu & The shapes mais la transition se passe plutôt bien avec She's On The Radio de Poni Hoax. La musique est plus pop. Nos pieds cherchent le bon rythme, mettent un peu de temps, tâtonnent, mais une fois trouvé c’est pour ne plus le quitter. Après dix ans d’existence, on sent qu’ils ont l’expérience du live. Poni Hoax enchaine les titres avec une énergie déconcertante. Nicolas Ker est une vraie pile électrique. Il s’accroupit, se met à sauter, se roule à terre, hurle dans son micro... Il donne tout sans s’arrêter. Et même si on le sent un peu groggy à la fin d’un morceau, on se demande comment il fait pour tenir une heure dans ces conditions. Le secret tient probablement dans la bière qu’il ingurgite pour se désaltérer.
Ce sont principalement les titres de Image Of Sigrid et de leur premier album qu’ils jouent. Le public est réceptif et chacun bouge d’une façon plus ou moins décomplexée. Une personne va même jusqu’à monter sur scène pour danser, volant furtivement la vedette au groupe. On se demande un instant si d’autres ne vont pas venir le rejoindre, mais juste à temps elle reprend sa place parmi la foule. Cela ne l’empêchera pas de remonter un peu plus tard. Le set se termine sur The Paper Bride. Nous aussi on leur dirais bien : « Well stay with me, Just stay with me, So stay with me, Till tomorrow ».

Ces trois groupes surprennent à leur façon car ils sortent des sentiers battus, mais parviennent à nous convaincre. Micachu et Nicolas Ker nous ont prouvé qu’on n’est pas obligé d’avoir une belle voix pour chanter. Ils transmettent et cela suffit. « On aime la musique ! Since 1976 » clame le slogan du festival sur le mur de pierres. On ne peut que répondre que nous aussi on l’aime et qu’elle a vraiment bon goût cette agnès b.
setlist
    Mash One
    Do It
    Sea Air
    Relaxing
    Waiting
    Looking Up
    Thinking It
    Oh Baby
    Low Dog
    Hardcore
    Calling
    Unim
photos du concert
    Du même artiste