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Baddies
Eugene McGuinness
Thomas Tantrum

Paris, Flèche d'Or - 26 novembre 2008

Live-report par Kris

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Seconde soirée Rock Is Dead à la Flèche d’Or donc avec une programmation qui avait de quoi faire saliver avec les prometteurs Thomas Tantrum et Eugene McGuiness, appréciés dans ces colonnes, ainsi que les découvertes de Mr. B The Gentleman Rhymer et des Baddies. Cependant malgré cette belle affiche, la salle restera malheureusement un peu vide, à cause il est vrai de la concurrence avec les Blood Red Shoes au Trabendo et Stereolab à la Cigale le même soir.

Autant dire que ce n’était pas la place qui manquait. En comité réduit mais participatif, le public palliât son manque d’effectif par des accueils chaleureux des artistes présents. C’est ainsi devant quelques dizaines de personnes que débutent les Thomas Tantrum. Le talentueux groupe de Southampton aurait probablement mérité mieux que cette ouverture à froid, mais professionnel jusqu’aux bouts des cordes, les quatre jeunes Anglais n’en n’ont rien laissé transparaître. Leur charmante énergie pop-punk aura permit de laisser entendre de belles promesses, imprimées sur ces compositions entraînantes et surtout rythmées par une front-woman mutine mais résolument rock. Entre Be Your Own Pet et Giant Drag, les Thomas Tantrum ont le potentiel pour se faire une belle place. Peut-être celle laissée par les Long Blondes ?

En intermèdes réguliers entre chaque concert, nous aurons droit à la prestation d’un curieux personnage, en la personne de Mr. B The Gentleman Rhymer. Artiste sincère ne se prenant pas au sérieux, Mr. B est un drôle d’oiseau aux mélanges inédits, portant aussi bien le bowler que la moustache, jouant avec des mots intelligibles sur des airs de rue au banjolele. Atypique, notre entertainer rappait/chantait ainsi sur des samples de titres populaires de Public Enemy, Beastie Boys ou encore N.W.A., détournant quelque peu les paroles pour y apporter les siennes, plus décalés, plus futiles, et forcément plus limités. Marginale et légère, la prestation de Mr. B aura été à son image. Remarquée, amusante mais dispensable.

S’en suit la tête d’affiche d’un soir. Le jeune et fort talentueux Eugene McGuinness attirait la plupart des curieux présents, pour son premier concert à Paris. On l’attendait grandiloquent et charismatique, à la hauteur de la démesure et de la marginalité qu’apportait ponctuellement son premier album. C’était bien le cas, mais en set acoustique. Incroyable trentaine de minutes que passées à écouter ce jeune garçon et sa guitare. Jouissant d’une présence incomparable, et doté d’une technicité adroite avec ses cordes, la grande magie d’Eugene McGuinness tient dans sa voix. Ample, remplissant à merveille tout l’espace sonore, vive et prenante, cette voix elastique s’étire dans les aigus comme dans les graves avec une facilité déconcertante. D’une voix et d’une guitare, McGuinness aura magnifié ses chansons, menant rythmiquement seul tout le poids d’une prestation impressionnante. Le temps de la fugacité de son set, un jeune Anglais nous rappellera de la plus belle manière la puissance de la fougue et de la créativité.

Vinrent enfin clôturer la soirée les Baddies, formation au son autrement plus rock. Formation carrée et imperturbable, les Baddies délivre un rock furieux mais somme toute assez docile. Les chansons au rythme en dents de scie ont en tout cas témoignées d’une facilité instrumentale à décoller mais également d’une certaine frilosité classiciste. Bien en jambes et bien en place, les Baddies furent cependant probablement le meilleur choix de clôture en laissant au public un bon sentiment d’après coup. Celui de ne pas avoir perdu sa soirée, et de ne pas regretter de n’avoir pu être ailleurs. Car ce soir, peut-être avons-nous assisté à la genèse de la relève de la pop précieuse so british, en la belle personne d’un Eugene McGuinness lumineux. Cheers.