Psapp

Psapp sort son troisième album. Leur nom ne vous dit peut-être rien et pourtant c'est bien leur musique faite de bric, de broc et de pop qui a su octroyer une once d'intelligence à une série aussi concon que Grey's Anatomy. Une prouesse qui vaudra bien la peine de se plonger dans leur coffre à jouet, leur collection de bibelots, leurs souvenirs de cartoons, et de sons aussi furtifs qu'espiègles, inattendus comme une onomatopée prononcée en plein discours officiel.

Psapp est une affaire de duo. Au-delà, on trouve des parents mélomanes. Des passionnés d'art, de musique indienne, de chansons engagées qui transmettent à une fille ; « la fille du groupe » le plus beau des héritages. De l'autre, le garçon. Celui-ci suivra un cursus d'ingénieur du son avant de débouler dans des studios aux manettes de groupes allemands, mais aussi de Natacha Atlas et Susheela Raman. Parachuté à Londres, c'est presque de façon naturelle que Galia Durant et Carim Clasmann, parce que c'est leur nom, se rencontrent via des amis communs. Les influences communes fusent : Tom Waits, The Cure, Erik Satie, des découvertes musicales diamétralement opposées les unes des autres qui cimentent leur passion pour la musique et alimentent leurs rêves communs. Une BO imaginée dans un coffre à jouet où le cheval de bois joue de la guitare tandis que le robot à pile LR6 tappe sur une batterie. Dans la vraie vie, c'est Galia qui prendra le micro et Carim, guitares et consoles, afin de mener le projet à bien. Premier album en 2004, suivi de The Only Thing I Ever Wanted qui explose comme une boule de gum, un aparté dans le paysage sonore qui les fait signer chez Domino et remporter un BMI award du meilleur générique de TV.

Sur The Camel's Back, on plonge à nouveau dans cet univers mélancolique qui remémore des mercredis après-midi pluvieux, des fins de vacances, des enfances passées trop vites. Triste et drôle, c'est un peu le sentiment mitigé qui qualifie cet album. Marshrat ressemble à une ritournelle de Yann Tiersen toute en électronique, tandis que Screws fait ressortir la voix de Galia qui tangue vers les murmures de Brisa Roché. Les constructions sont aussi faciles que complexes : ici les pyramides de Lego reproduisent des monuments antiques, attirent, amusent et fascinent autant qu'une partie de tetris à laquelle ont jouerait, 20 ans après.

Soudain le disque s'arrête, le jouet n'a plus de batterie, la pyramide s'effondre : qu'est-ce qu'on dit ? Et Psapp....