Broadcast 2000

Tel un Beirut anglais, Broadcast 2000 tient de l'imaginaire débridé d’un artiste posé, au chant mélodieux et aux arrangements classiques mais infinis. Bâti sur une guitare sèche, orné de banjo et ukulélé, Building Blocks est l’œuvre de Joe Steer, écrite et enregistrée chez lui, au nord de Londres. Seulement 7 titres composent ce disque, mais pas un seul ne montre le moindre signe de fatigue, même 3 mois après leur premier envol au festival des 3 Eléphants de Laval. Véritable découverte anglo-saxonne de cette pluvieuse journée de juillet, Broadcast 2000 a su émaner de ses compositions d’intenses rayons pop parés d’un folklore désabusé, merveilleusement retranscrits dans un brillant premier album.

Violon, glockenspiel et contrebasse s'enlacent ici assidûment pour le rendez-vous sulfureux que Sufjan Stevens n'a jamais eu avec Final Fantasy. Des titres comme Pep Talk et Don't Weight Me Down semblent s'éloigner des sentiers battus britanniques pour s'égarer davantage vers des contrées plus apaisées, quelque part entre le Paris terne de 1910 et les paysages foisonnants de l'excentrique cinéaste bosnien Emir Kusturica. Une direction artistique qui trouve en partie son explication dans les origines et la ville de Joe Steer. « Grandir à Devon ne permettait pas d’occuper son temps, si ce n’est par le biais de la musique. Pas d’équipe de foot à soutenir, pas de centre commercial où traîner (…). En fait, la plupart de mes amis d’écoles étaient dans des groupes de musique. »

Retiré dans un coin de l’Angleterre, détaché de ses contemporains, Joe Steer a pris le temps de peaufiner ses idées, d’enluminer sa musique d’une fanfare abattue, sortant alors du train-train indé anglais. Le titre de l’album l’explique parfaitement : tout s’agence progressivement, élevant chaque instrument modeste en une harmonie singulière et aboutie. Partant d’une base conventionnelle, Broadcast 2000 élève ainsi sur 7 étages un Building Blocks d’une sobriété à la fois évidente et insaisissable.