Colour Of Fire

N'y allons pas par quatre chemins, la seule chose franchement raté dans ce premier album des Colour Of Fire c'est sa pochette!!
Petit croquis assez ridicule et couleurs pastels évoquant plutôt un groupe de musique électronique calme et feutrée, c'est une véritable fausse piste pour l'amateur de power-rock avide de découverte qui risque bien de passer à coté de cet album réussi et débordant d'énergie.

D’entrée de jeu, Robot Rock (qui porte bien son nom !) prend à la gorge : un riff terrible, une rythmique en béton, une voix claire mais hargneuse et la machine Colour Of Fire est lancée ; on sent d’emblée les influences métalliques de ces jeunes hommes tant les deux guitares semblent sorties d’un Metallica bon cru; on distingue néanmoins un refrain légèrement plus « pop » qui annonce en fait ce qui peut être défini comme la marque de fabrique de Colour Of Fire, un mix hybride métal-rock assez emballant.
The Exile et A Couple Of Reasons maintiennent le rythme sans toutefois surpasser cette toute première décharge ; les soudaines montées d’adrénaline ainsi que les refrains à deux voix (une chantée, une hurlée) rappellent les brûlots des américains de The Used, tandis que les (légères!) accalmies passagères sonnent plus « britanniques » en cousines proches de celles des Hell Is For Heroes (sans atteindre le niveau de perfection de ces derniers).
L’excellente Italics emballe à nouveau notamment par la subtilité des enchevêtrements de guitares sur les couplets et les ponts tandis que l’intro de 9 Volter peut illustrer à elle seule le style de nos anglais : une première guitare impose une rythmique à la Bruise Pristine puis un gimmick typiquement « métal » vient créer ce mélange des genres assez particulier qu’on peut franchement adorer comme détester mais qui est diablement efficace.

Placée idéalement car calmant le jeu pile au bon moment, Images Of You, même si elle n’est pas franchement représentative de leur style, est certainement le sommet de ce très bon disque ; Les Colour Of Fire prennent ici la teinte de braises semi-éteintes pour aligner une formidable ballade transcendée par le chant habité d’Owen Richards… ce petit bijou d’émotion et de retenue a pour effet de relancer l’attrait de l’auditeur pour la seconde partie de ce disque ce qui tombe très bien puisque celle-ci est plus variée et définitivement passionnante.

A Pearl Necklace For Her Majesty et ses couplets formidables de montée en intensité, l’apaisante Candles et son magnifique refrain ou la très remuante Second Class Citizen sont d’autant plus de réussites et on confirme alors que les Colour Of Fire arrivent en une poignée de chansons à imposer leur son et une couleur « émotionnelle » bien à eux.
Alors certes l’intro de Hatemail aurait très bien pu être signée par (Mega)Dave Mustaine en personne (ce qui selon les goûts de l’auditeur peut être juste une coïncidence rigolote ou alors carrément désolant !) mais finalement la grande force et particularité de Colour Of Fire est bel et bien d’intégrer d’une façon très homogène dans leurs morceaux des parties franchement métalliques à leur power-rock classique.
Le disque se termine en apothéose par l’énorme The Company Won’t Colour Me: intro calme mais perverse dominée encore par la voix haute de Owen, puis montée en puissance progressive jusqu’au dernier refrain culminant au sommet de leur édifice sonore.

Au final, on ressort de ce Pearl Necklace franchement impressionné pour peu, bien sur, qu’on aime les bases de ce style « power-rock » pouvant donc tout aussi bien toucher les amateurs des premiers albums de Placebo (remerciés dans le livret) qui attendent désespérément le nouvel effort de My Vitriol que les fans de métal-rock américain (Billy Talent, The Used ou Finch pour ne citer que ceux qui sortent du lot) qui, en vieillissant, délaissent de plus en plus le soleil et l’optimisme californien pour l’implication et l’étonnante maturité de cette nouvelle scène rock britannique.