Après la découverte de leur intéressant premier album Pearl Necklace, voici venir l’heure pour les jeunes anglais de Colour Of Fire de confirmer sur scène leur potentiel (après avoir ouvert également pour Placebo dans le courant de l’année) en première partie des tonitruants suédois de The (International) Noise Conspiracy dans la meilleure salle de concert lyonnaise dès que l’on parle de rock et de sueur, j’ai nommé le Ninkasi Kao.
Dès les premiers accords explosifs de Robot Rock un constat s’impose : les Colour Of Fire ont déjà des fans transis d’admiration pour eux ! Cris hystériques, paroles reprises en cœur, mais au vue de ce qui se passe sur scène, on comprend malheureusement que c’est bien plus à cause des belles gueules des deux (très jeunes !) chanteurs-guitaristes que par leur musique à proprement dite.
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En effet, l’inconvénient majeur des deux leaders saute aux yeux dès le début de ce show : la sincérité n’y est pas ; poses lascives (et coupes de cheveux !) piquées à Brian Molko accompagnées d’une attitude « regardez comme je souffre » ou « vous avez vu mes belles chaussures rouges quand je monte sur la batterie » d’un pathétique assez prononcé ; quel dommage qu’un si jeune groupe délivre déjà une telle sensation de vieilles rock stars blasées qui (sur)jouent en roue libre…
Et pourtant les Colour Of Fire ont du potentiel et si on met objectivement de coté tous ces détails si génant concernant leur attitude, musicalement parlant, certaines chansons font diablement leur effet : plus que la sympathique A Couple Of Reasons ou que leur efficace single The Exile, un morceau comme Italics montre à lui seul toute l’énergie mélodique que peuvent dégager ces jeunes anglais : malgré un bassiste pour le moins lourdaud et beaucoup trop linéaire pour apporter quelque chose, le reste du groupe est au diapason avec batterie bûcheronne très efficace, rythmiques incisives à la guitare et chant (assez particulier, il faut aimer !) superbement maîtrisé par Owen et Stuart.
Sentiment décuplé lors de l’interprétation de l’énorme The Company Won’t Colour Me (meilleure chanson de leur disque), la passionnante A Pearl Necklace For Her Majesty et surtout l’impeccable Second Class Citizen, en version accélérée, qui atomisera l’assistance.
En contrepartie de ces franches réussites, un nouveau morceau un peu faiblard ainsi qu’une ballade (Jennifer tirée du E.P The Exile) assez affligeante qui enthousiasma pourtant une (sourde ?) partie du public ternissent malheureusement un peu l’ensemble : mais pourquoi faire l’impasse sur Images Of You qui est, elle, une magnifique ballade écorchée et chargée d’émotion ? Le groupe quitte la scène sur un dernier morceau explosif (Fuck Work Let's Party également sur le The Exile E.P) qui s’approche pourtant un peu trop du métal bourrin de base pour convaincre (mais la partie du public venue pour eux était de toute façon convaincue depuis bien longtemps!)
Prestation à moitié satisfaisante seulement donc pour ces Colour Of Fire qui, malgré quelques morceaux rock impressionnants (quand ils ne dérivent pas en mauvais métal ou en ballades ridicules), doivent impérativement acquérir l’humilité et la sincérité s’ils veulent toucher un public plus intéressé par leur musique que par leur look. Mais cela s’apprend-t’il vraiment ?
Un petit mot sur les têtes d’affiche de la soirée : les suédois de The (International) Noise Conspiracy vont mettre le feu au Ninkasi grâce à une énergie impressionnante et (justement tiens !) une sincérité très touchante ; dès l’énorme Black Mask d’ouverture, on comprend (à l’instar des Datsuns quelques semaines plus tôt !) qu’on va avoir à faire à un vrai concert de rock n’ roll instinctif et viscéral : la set-list fait la part belle aux formidables morceaux du dernier album (A Small Demand, Let’s Make History, Armed Love, All In All, Like A Landslide et le single The Way I Feel About You en clôture) tout en remémorant de beaux souvenirs passés (Capitalism Stole My Virginity en tête). Quand aux paroles engagées du chanteur (allant de l’incitation au piratage de leur disque (et de celui des autres !) à la nécessité de se battre encore et toujours contre l’impérialisme de l’argent), on comprend réellement en voyant ces cinq suédois jouer sur scène que c’est tout simplement leur façon de vivre et leur raison d’exister. Aucune démagogie mal placée donc dans ce show de The (International) Noise Conspiracy mais plutôt une implication convaincante intimement mêlée à une prestation rock tonitruante : c’est certainement ça avoir la "couleur du feu"…