Lovvers

Evoluant depuis deux bonnes années dans la division sinistrée des groupes qui marquent leur punk attitude par une coquetterie typographique dans le nom, à l’image des très convaincants Outl4w, Lovvers fait enfin paraître son premier album Think. Et, en effet, celui-ci donne matière à réflexion dans la mesure où il comporte uniquement sept morceaux d’une durée totale d’une brièveté sans précédent pour la galaxie du rock indépendant britannique, même s’il succède au EP prometteur et efficace paru il y a une bonne année et demie.

Dès les premiers accords électriques saturés et gras à souhait de Human Hair, l’introduction de l’opus, on retrouve l’atmosphère urgente et étouffante des brûlots des débuts des légendaires Manic Street Preachers. Ainsi, tandis que la voix pèche par excès de nonchalance asthmatique, peinant souvent à suivre la section rythmique, comme dans, ô ironie du sort, The Kids (Laugh Out Loud), Lovvers nous propose un univers à la fois très caractéristique du punk débridé et nihiliste qui puise ses origines dans les années soixante-dix, et des formations juvéniles qui se cherchent, manquant encore de maturité ainsi que d’expérience. Par exemple, le « so cliché » Wasted Youth tente maladroitement de masquer son indigence technique par une énergie instinctive, primitive et sauvage, misant exclusivement sur le concept jusqu’au-boutiste.

Toutefois, à l’évidence, le combo, au contraire des deux pointures musicales citées en référence, ne parvient jamais à convertir ses faiblesses et autres lacunes en forces et qualités, et par là-même élever son son éculé et prévisible au rang d’art en proposant une couleur musicale et un message originaux. Las, même les deux compositions qui surnagent du naufrage collectif, Teenage Shutdown et No Fun, brillent par leur fadeur, voire leur insipidité, n’interpellant pas véritablement l’auditeur. Beaucoup plus terne et finalement convenu que les autres rares formations, évoquons encore Louie, qui se débattent dans ce segment, Lovvers se cantonne à jeter une poudre aux yeux qui n’abuse finalement personne car, très vite, on perce le rideau de fumée pour voir la formation sous son vrai jour, celui d’un groupe médiocre, sans aucune identité musicale à ce jour, qui aura toutes les peines du monde à passer à la postérité.