The Rumble Strips

Comme de trop nombreuses autres jeunes formations en leur temps, The Rumble Strips n'étaient parvenus à concrétiser ni les promesses nées de l'écoute de leurs singles ni les espoirs placés en eux lors de la sortie de leur premier album il y a maintenant près de deux ans. Avec un nouvel allié de choix en la personne d'Owen Pallett, tête pensante de Final Fantasy et proche collaborateur d'Arcade Fire ou The Last Shadow Puppets, c'est un second effort plus ambitieux et au final convaincant que le quintette nous offre sur un plateau pour l'été.

Après avoir visité New York, Londres puis Prague pour enregistrer successivement les parties instrumentales, vocales puis les arrangements de leur onze nouvelles compositions, The Rumble Strips semblent à première vue avoir trouvé la voie qui est la leur. Si la propension du groupe à se diversifier est toujours l'une de leurs caractéristiques principales, ce ne sont plus seulement les percussions, trompettes ou saxophones que l'on retrouve à intervalle régulier mais aussi du piano et de nombreux instruments à cordes, autant d'instruments apportant une grandiloquence certaine au disque. Une évolution certes peu surprenante et logique, mais guidée si magistralement par Owen Pallett, dont la touche personnelle est omniprésente à de très nombreuses reprises, qu'il serait presque légitime de se demander si le génie perceptible au détour de certaines compositions ne serait pas imputable au canadien plutôt qu'au groupe lui-même.

Si la qualité d'écriture d'une poignée de titres n'était pas en-deçà des espérances, le disque mériterait à coup sûr d'être encensé tant par la critique que le public, qui plus est lorsque la production très propre et ambitieuse de Mark Ronson renforce l'impression l'initiale. En ce sens, l'enchaînement des premiers titres du disque, notamment Welcome To Walk Alone, Daniel et un Not The Only Person frôlant la perfection sur bien des points, ne peut que susciter une curiosité supplémentaire de la part de l'auditeur pour cette pop à la dimension orchestrale souvent captivante. Avec cette recette mêlant un brin de folie, une dynamique des plus positives et un style épique en dépit d'une faible durée totale, Welcome To Walk Alone fait au final mieux que de contenter les amateurs du genre mais ouvre aussi de nouvelles portes au groupe ayant jusqu'alors souffert d'un manque de reconnaissance.

Retranscrire cet album dans des conditions live relèvera probablement de la mission impossible pour The Rumble Strips, mais d'ici là le groupe aura à n'en pas douter trouvé bon nombre d'oreilles sensibles aux qualités de cet album. Une belle réussite !