Daniel Land & The Modern Painters

Si vous suivez régulièrement l'actualité musicale, vous aurez vous aussi remarqué un certain retour de la scène du shoegaze, et autre dérivés qui lui sont associés. Bien sur, cette même scène n'avait pas disparu, mais depuis quelques mois voir un ou deux ans, sous l'égide de groupes comme M83 ou dernièrement les très médiatisés The Pains Of Being Pure At Heart, ce genre s'est presque démocratisé, flirtant avec la mode.

Pourtant, on sent très vite que la démarche de Daniel Land et ses Modern Painters n'est pas simplement de surfer sur cette mode actuelle, et d'en tirer les bénéfices. Premièrement, parce que la médiatisation autour de l'album est malheureusement ridicule au vu sa qualité, et ensuite parce qu'à l'écoute de celui-ci, c'est un véritable flot d'émotions sincères, une mélancolie palpable et efficace qui nous frappe directement en plein visage, et qui nous fait comprendre la légitimité de cet album, et le succès qu'il devrait avoir.
De l'introduction tempétueuse qu'est Within The Boundries en passant par des ballades somptueuses comme Smiling In Slow Motion jusqu'à des sommets d'ingéniosité et de brio avec Locust, Love Songs For The Chemical Generation est un album révélation, qui dévoile au grand jour un groupe d'une rare authenticité. Avec comme fil conducteur des guitares à vous faire vibrer le plus impassible des stoïciens (la magie de la Fender Jazzmaster, sans aucun doute), et avec comme guide la voix délicatement androgyne de Daniel Land, Love Songs For The Chemical Generation se déguste comme les fameuses madeleines chères à ce vieux Marcel, que ce soit lors d'une fin de journée d'été, ou au crépuscule d'un hiver pluvieux et où l'espoir semble impossible à retrouver...

Néanmoins, n'y voyons pas seulement un album pour grands romantiques en mal de tristesse, qui voudraient trouver encore un peu de malheur à travers cet album... Daniel Land & The Modern Painters s'attachent ici à dépeindre un univers mélancolique, mais où la joie est sous-jacente, où l'émerveillement évacue toute tristesse. Un réel parcours sentimental.
Poétique dans ses propos, doté de refrains effrayant de par leur beauté, Love Songs For The Chemical Generation est comme ces tableaux qui vous bousculent jusque dans vos derniers retranchements, ces oeuvres d'art qui ne vous laissent véritablement pas indifférents. Modeste et sensible, cet album d'une rare beauté en ces temps de disette musicale accompagnant la fin d'année réussit à nous montrer que non, le shoegaze, n'est pas mort, et qu'il n'est pas un genre sur le retour, le temps d'une mode éphémère.

Daniel Land & The Modern Painters, que beaucoup ont rapproché de Slowdive (et c'est juste), est un groupe à suivre, car pour un premier album, voilà déjà un chef d'oeuvre en puissance.