Fyfe Dangerfield

Quel bonheur de commencer l’année en musique ! Une réflexion généralement obligatoire pour tout mélomane qui se respecte et encore plus en particulier lorsque l’on tient entre ses mains un tel album, hétéroclite, profond, touchant, que l’on qualifiera par dessus tout d’inattendu et qui vous prend agréablement par surprise. Êtes-vous prêts au décollage ? Fyfe Dangerfield prend les commandes musicales avec son premier album solo intitulé Fly Yellow Moon et nous embarque illico vers sa lune artistique, un lieu où il fait bon de rêver. Vous aviez aimé la voix du personnage chantant au sein de Guillemots ? Vous allez certainement l’adorer en solitaire.

Profitant d’un peu de temps libre à côté de son groupe, entre une tournée réussie et la sortie prochaine d’un troisième opus studio, Fyfe Dangerfield s’épanouit dans la liberté, exprimant son génie mélodique tout au long des dix astres sonores qui composent sa galaxie. Tantôt élaborées, tantôt épurées, toutes ces chansons, diverses et variées, mettent en avant la richesse de sa palette artistique et le talent d’écriture du compositeur. On pense directement, par exemple, à l’excellent She Needs Me et à la profondeur de ses arrangements instrumentaux. Un titre accrocheur et grandiose qui n’aurait rien à envier aux standards pop trustant régulièrement les premières places des charts d’outre-Manche.
On sent ici que le jeune britannique a été marqué au plus profond de son être par son apprentissage classique car l’emploi du piano est omniprésent et les violons ne sont jamais très loin lorsqu’on a à faire à Fyfe.

Néanmoins, vrai touche-à-tout, cet alchimiste n’hésite pas à expérimenter et à mélanger les sons, comme sur le somptueux titre introductif When You Walk In The Room où un sample électronique se mêle parfois à une guitare qui n’en fait qu’à sa tête, superposé à un fond sonore piano-batterie entraînant des plus traditionnels.
Par dessus tout cela, le britannique excelle à un instrument en particulier : la voix. Son organe vocal est reconnaissable parmi tant d’autres. De belle taciture, modulable et touchante, sa maîtrise est totale et l’émotion transperce à l’instar du résultat obtenu sur la mélodieuse ballade Barricades et sur la poignante Firebird où accompagné de son piano et d’une guitare accoustique, son chant prend tout son sens et nous éblouit.

C’est donc un premier album magistral que nous offre Fyfe Dangerfield. Un univers immersif, l’inspiration, le savoir-faire et la virtuosité sont au rendez-vous. Quand à ces éventuels défauts, on les cherche encore.