Fyfe Dangerfield

Pour ainsi dire porté disparu au cours de la décennie écoulée, exception faite des sorties de deux albums en 2010 et 2012, respectivement avec Fly Yellow Moon en guise de de premier essai solo et au sein de Guillemots avec Hello Land!, Fyfe Dangerfield n'était guère plus attendu lors de l'annonce de la sortie de l'EP The Birdwatcher en ce début de mois de mars 2021. Une première offrande après des années de disette accompagnant notamment le lancement de Channels May Change, sa nouvelle structure mêlant une chaîne virtuelle, maison de production mais aussi un label. Une façon comme une autre pour le talentueux musicien d'annoncer son retour aux affaires, sans doute durablement.

Avec six titres au total, dont une poignée d'interludes, Fyfe Dangerfield poursuit sa route là où il l'avait laissée à une époque désormais lointaine. Woah! Life, premier single à avoir été tiré de l'EP, le voit dérouler devant les oreilles de l'auditeur un univers onirique propice au rêve, un piano dominant accompagnant tout du long sa voix alors que de très nombreux sons distants enrichissent l'expérience avant une montée finale teintée d'électronique. Si l'instrumental noisy www.channelsmaychange.com qui lui emboîte le pas se révèle pour le moins dispensable, Birdwatcher, étalé sur plus de cinq minutes, fait bel et bien figure de pièce maîtresse de l'EP. Plus complexe et développé, avec une voix montrant toutes ses nuances et des orchestrations riches, notamment via l'arrivée finale d'un saxophone, celui-ci est une réussite indéniable.

Contrastant fortement avec www.channelsmaychange.com, le second interlude The Sea House n'est guère plus mémorable, seuls quelques sons venant se superposer sur une voix lointaine et difficilement audible. Pour Lochinver, plus dépouillé dans un premier temps, la guitare s'immisce au centre des débats alors que le chant se veut plus conventionnel et posé. Après une première moitié où Fyfe Dangerfield invite l'auditeur à une longue et lente ballade aérienne, le titre évolue brusquement vers un ton grandiloquent, psychédélique et complexe, les orchestrations devenant plus luxurieuses, en adéquation avec une voix montrant alors toutes ses nuances sans manquer ni de puissance ni de justesse.

Le final sur Lying There, minimaliste du point de vue instrumental mais exubérant du point de vue des choeurs le parsemant, conclut un voyage surprenant et envoûtant, et acte le retour inespéré mais prometteur de Fyfe Dangerfield.