Ellie Goulding

Proclamée meilleur espoir britannique pour l’année à venir, en remportant le classement Sound Of 2010 de la BBC devant Marina & The Diamonds et Delphic, ainsi que le prix de la critique dans le cadre des Brit Awards 2010, la jeune anglaise Ellie Goulding semble s’imposer malgré elle comme la sensation pop du moment et attire par la même occasion la curiosité. Avant elle, il y a deux ans de cela, une seule artiste avait eu le privilège de ravir ces titres honorifiques. Cette dernière, talentueuse, s’appelait Adele. Mais depuis, à l’image d’une étoile filante perdue dans l’au-delà, c’est le silence radio pour la malheureuse. Espérons que la jeune Ellie ne connaîtra pas le même sort, mais ce n’est pas gagné d’avance.

Signée par le prestigieux label Polydor, la demoiselle au talent vocal certain jouit de moyens de production colossaux et cela se ressent, tant en bien qu’en mal, dans les sonorités électroniques de son premier album intitulé Lights. L’aspect positif est que la jeune protégée dispose d’une vraie artillerie promotionnelle et d’un son radiophonique accessible au grand public qui lui donne le pouvoir et le privilège d’atteindre le sommet des ventes d’albums au Royaume-Uni, dès la sortie de son premier effort, se permettant le luxe de supplanter des monstres de l’industrie du disque, à l’instar de Lady Gaga, Alicia Keys ou encore quelques autres révélations aux ressources plus limitées, mais à l’inspiration reconnue, telles que Florence And The Machine ou encore Marina & The Diamonds.

Le revers de la médaille est que justement, à travers les dix titres à la réalisation grandiloquente composant Lights, la virtuosité phonique innée de la jeune anglaise se perd dans un méli-mélo d’effets, d’arrangements instrumentaux et de fioritures inutiles, distortionnant la substance artistique même de la jeune prodige. L’auditeur se retrouve au bord de la nausée sonore, étouffé par un brouhaha électronique inutile. De beaux titres comme Starry Eyed, Under The Sheets ou Wish I Stayed, découverts en version acoustique, en toute intimité, autour d’une simple discussion entre une guitare et la précieuse voix d’Ellie Goulding, perdent leur charme sur cet album asphyxiant et mériteraient de retrouver leur noblesse sur scène, dans une configuration plus naturelle et spontanée que sur Lights.

Ainsi, le premier effort studio de la belle Ellie s’avère être une réelle déception. A défaut d’être mauvais, il plaira certainement à la génération MTV, jusqu’à ce qu’elle soit lassée par l’objet qui, il faut bien le dire, correspond aux attentes d’une maison de disques avide de succès à court terme et qui ne pense peut-être pas forcément à préserver la pureté et le talent vocal profond d’une jeune artiste initialement prometteuse, formatant malheureusement la musicienne à sa guise. Espérons pour elle que l’histoire me contredira et d’ici là, je me réjouis de découvrir l’artiste sur scène, avec plus de simplicité.