Chronique Album
Date de sortie : 19.04.2010
Label : Kids
Rédigé par
Kris, le 13 mai 2010
Il est difficile d’écouter un album comme ce disque de Kyte, quintet pop-shoegaze en provenance de Leicester, car s’agite devant nous un groupe au potentiel non négligeable mais envenimé par des choix et des invocations à en faire grincer les dents. Il y a trois figures qui se démarquent au sein de ce Dead Waves, trois dominantes tiraillant chacune la musicalité de Kyte de leur côté : les compositions, l’interprétation du frontman Nick Moon, et enfin le placement de la musicalité par rapport à l’identité délivrée par le groupe.
Aux premières écoutes, ce sont les deux premiers aspects qui marquent le plus. Une disparité se forme et s’affirme tout au long de l’album entre les ambiances éthérées et synthétiques des compositions, et le chant haletant et parfois poussif de Moon. Voulue ou imposée pour des questions de technicité, celle-ci dessert les chansons de Kyte en ne donnant à aucun moment l’occasion à Moon de surpasser ces mélodies permettant un décrochage et donner de l’altitude à Dead Waves. Kyte semble ne jamais vouloir (pouvoir ?) passer à une étape supérieure à celle qu’ils proposent, variant entre étendues naphtaliques (Like She Said) et évolution timide d’instrumentalisations new-wave (Far From Death, You’re Alone Tonight). Il n’y a guère que quelques ponctualités qui parviennent à faire sortir ce Dead Waves d’une torpeur confondante (l’homonyme et cohérente Dead Waves).
Ce Dead Waves aura néanmoins le mérite de montrer à quel point le succès de groupes sans chanteur peut avoir des effets néfastes sur les générations suivantes. Ici, nous nous heurtons donc au troisième point, étant la vision de Kyte en tant qu’entité musicale. Il va sans dire que l’apport de Moon est quasi-nul, voire même contre-productif ; a contrario des compositions qui tiennent la route mais affichent une volonté claire de lissage d’amplitude. Kyte est malheureusement le résultat d’un héritage anglais galvaudé par son passé glorieux, et le manque de perspective artistique généralisée parmi cette nouvelle génération née de la rupture entre le rock instauré par la filiation post-Libertines et la pop incarnée par Coldplay.
Entre les deux, des exceptions bien sûr ; mais y demeure surtout un gouffre, un puit à oubli dans lequel vient de s’être posé délicatement Kyte.