Chronique Album
Date de sortie : 21.06.2010
Label : Lookout Mountain Records
Rédigé par
Thibaud, le 6 août 2010
Delays n’est pas le genre de groupe que l’on cite régulièrement dans les forums de musique, dans les chroniques de disques et dans les magazines. A vrai dire, le groupe des frères Gilbert est un groupe qui n’a jamais eu de couverture publicitaire impressionnante, ni d’échos dans les plus grands médias. Cela est surement dû au fait que la musique de Delays, qui en sont déjà à leur quatrième album, n’est clairement pas indispensable pour les amateurs de pop britannique. Même si leur premier essai (Faded Seaside Glamour en 2004) était plutôt réussi, le groupe lorgnant du côté de la pure pop british légère, Delays échouèrent constamment à chaque nouvel album, s’éloignant de plus en plus de ce qui avait pu nous charmer chez eux pour dériver vers des compositions bien souvent trop boursouflées, et qui ne menaient finalement à rien.
C’est donc après deux déceptions qu’arrive ce nouvel album qui, disons-le tout de suite, est sûrement l’échec le plus cuisant du groupe. Alors que l’on se demandait comment tomber encore plus bas, Delays nous prouve sur onze titres (on pourra peut-être en sauver deux) qu’ils n’ont clairement pas décidé de revenir au son des débuts, malgré la présence du producteur de Faded Seaside Glamour.
On pourrait toutefois sauver deux des compositions citées ici, car effectivement l’introduction de l’album, Find A Home (New Forest Shaker), est une bonne mise en bouche, même si l’arrière goût sera plus qu’amer. Le groupe parvient à travers ce premier morceau à nous faire profiter d’une ambiance à la fois pastorale et mystique, avec le chant toujours si particulier de Greg Gilbert et des arrangements subtils et maitrisés, qualités qui font cruellement défaut sur la suite de l’album, si ce n’est sur Moment Gone. Ballade somme toute assez convenue, ce titre a le mérite d’être appréciable pour l’apaisement qu’il procure à nos oreilles après sept chansons qui feront parfois saigner l’oreille des plus sensibles.
Il nous faut donc entamer le fond de cet album. Sans mauvais jeu de mots, Delays touche en effet le fond avec des titres comme The Lost Estate ou Unsung, single d’une rare faiblesse et souffrant de moults défauts : d’abord, le morceau se veut « catchy », et l’on a malheureusement peine à accrocher à ce titre qui dérive très vite vers le rock FM avec des claviers que l’on croirait sortis d’un groupe comme Europe ou le dernier Cascada. Oui, je vous avouerais que je ne pensais pas citer ce genre d’influences pour un groupe comme Delays… d’où l'immense déception tout au long de l’album. Autre défaut allant de paire avec le précédent, cette production sans âme, totalement fade, misant avant tout sur une (fausse) opacité, le groupe voulant jouer une musique beaucoup plus rock, plus « rentre-dedans », comme sur Shanghaied par exemple. Dommage, car la formation n’est pas armée pour cela, et au final ce ne sont que les ballades qui réussissent à attirer l’attention.
Difficile donc de croire encore en Delays. Avec maintenant quatre albums dont trois qui sont plus que des déceptions, le groupe a sans doute voulu s’affranchir du son de ses débuts pour aller vers une autre sorte de public. Dommage, car il existait ici un potentiel pour réussir de belles choses, musicalement parlant, avec un univers beaucoup plus travaillé, sophistiqué et de qualité. Star Tiger Star Ariel est une rupture définitive avec le Delays qui a su me plaire, l’aventure continuera sûrement sans moi.