Winnebago Deal

A l’écoute de cet album pour le moins explosif, on comprend sans peine pourquoi Winnebago Deal a la réputation d’être le combo le plus convulsif de la scène rock britannique actuelle : ce groupe anglais sur-puissant, simplement composé d’un batteur (Ben Thomas) et d’un hurleur-guitariste (Ben Perrier), nous balance avec ce Dead Gone douze décharges d’adrénaline qui font passer les Hives ou les Datsuns pour des (petits) joueurs de reprises folk-country tout juste bons à égayer un mariage tristounet.

Les 58 secondes de l’inaugural The Line-Up suffiront à vous faire une idée sur le style musical pratiqué par Winnebago Deal qui laisse relativement peu de place à la délicatesse et à la douceur donc ; en effet, l’écoute de BreakDown et du single Cobra (téléchargeable gratuitement sur leur site) rappelle un peu l’effet éprouvé lorsqu’on découvre l’univers musical de Motorhëad par exemple, les cris de dément de Ben en plus. Et même si on peut fort logiquement avoir un peu de mal à supporter sur la longueur son chant assez limité, force est de constater que l’énergie viscérale dégagée par le rock tendance métal des Winnebago Deal est terriblement impressionnante.

Il ne faudrait pas non plus être rebuté par l’aspect répétitif de leurs morceaux tant les multiples écoutes parviennent à faire ressortir nombre de moments différents et influences diverses.
Ainsi, l’excellent L.S. Fiction dont le riff principal est quasiment un hommage à l’un des plus grand single rock de tous les temps (You Really Got Me des indispensables Kinks) ou des brûlots comme Shank Fight et Cargobull peuvent tout à fait emballer les fans de rock tendance garage des Datsuns qui trouvent que les néo-zélandais sont bien meilleurs sur scène que sur album : car les deux « Ben » arrivent eux à transcrire sur disque l’énergie et la tension palpables à tout bon concert de rock qui se respecte et ce n’est pas le moindre des compliments. On se régale donc franchement à découvrir par exemple l’excellente Takin’ Care Of Business (futur single ?) au son gras et à la mélodie quasi-parfaite.

D’un autre coté, le style de Winnebago Deal sur certaines chansons (Afterburner, N.W.O. ou Knife Chase) rappelle également, d’une manière assez flagrante, la période de gloire de certains groupes du début des années 1990 comme Therapy? (dont ils font d’ailleurs les premières parties en cette fin d’année 2004) ou les trop méconnus The Almighty qui étaient arrivés à rallier les fans de métal et de rock indépendant.
On se régalera également à retrouver dans leur musique quelques accents « nirvanesque » (Did It, Done It, Doing It Again ou comme si les Vines arrivaient vraiment à paraître dangereux !) alors que le clou de l’album restera l’énorme instrumental Dead Gone qui arrive, avec quelques accords et silences (si, si !) bien sentis, à passionner pendant plus de 7 minutes nos oreilles pourtant meurtries par toute l’intensité présente dans les morceaux précédents.

Grosse claque dans la gueule (il n’y a pas d’autre mot !) que ce Dead Gone qui, même s’il va forcément rebuter les fans de musique construite et mélodique, pourrait bien plaire énormément à une grande partie de fans de rock et/ou de métal.
Oubliez par avance tous ce que vous entendrez/lirez concernant leurs prétendus points communs avec certains duos guitare-batterie blues-rock bien connus, les Winnebago Deal ne sont pas du tout les nouveaux Black Stripes ou White Keys mais bien un (d)étonnant groupe rock à l’énergie dévastatrice qu’on attend maintenant de pied ferme sur les scènes françaises…