Chronique Album
Date de sortie : 05.07.2010
Label : Function Records
Rédigé par
Kris, le 7 septembre 2010
Bien qu’il s’agisse du premier véritable premier album de Cats And Cats And Cats – après deux EPs et un split album avec This Town Needs Guns – on en oublierait presque que le quintet joue et tourne depuis maintenant près de cinq ans. Car If I’d Had An Atlas recèle moult signes d’un debut album typique. Non pas que cela se révèle intrinsèquement négatif, mais il demeure autant d’éléments révélateurs d’une sorte de crédulité idéaliste qui se retrouvent dans la plupart des premières œuvres de groupes et d’artistes.
Il y a tout d’abord cette virulence, ce sens du défi, à la fois irrévérencieux, et également témoin fallacieux d‘une hargne qui tient finalement plus d’une volonté d’affirmation. Ni bon, ni fondamentalement mauvais, ce trait caractéristique exprime cet enthousiasme conduit par une arrogance nécessaire. Ben George chante ainsi comme s’il ne devait plus être entendu, comme si l’urgence leur courait après, haletante, attenante ; et après l’urgence, l’oubli. Il s'agit là comme une tendance, une commune mesure, où le chant se veut décadent, strident, volontairement décalé de mélodies rock déjà bien grandiloquentes (A Boy Called Haunts, The Bee’s Knives) ; à l’image de leurs congénères Los Campesinos! ou Good Shoes, il s’agirait presque là d’un aveu d’impuissance face à leur nature éphémère, propre à une précarité affirmée dès le départ.
If I’d Had An Atlas est donc un debut album, et doit être pris comme tel. Il y a des choix qui font sourciller (la j-pop Suizokukan Ni), quand d’autres font carrément bailler (l’introduction bancale If I’d Had Antlers). Pourtant Cats And Cats And Cats sont loin d’être maladroits. Cette fulgurance, cette envie, se transforme parfois en belles épopées délicates et réfléchies comme The Boy With The Beak, découpée en épisodes, et construite selon une logique cohérente, à défaut d’être épique. Ce premier album de Cats And Cats And Cats n’est ni excellent, ni mauvais, pourtant le juste milieu semblerait être injuste, tant certaines bouffées d’air d'If I’d Had An Atlas semblent être faites pour ne pas être oubliées ; ou tout du moins font tout pour ne pas l’être. Il y a la bicéphale et inégale Big Blue notamment, mais il y a surtout Burst Into Flowers – peut-être le plus beau titre de chanson cette année – qui, bien qu’instrumentale, se calque et diffuse le même esprit que véhicule l’entièreté de cet album.
Il y a une raison pour laquelle nous sommes tant fascinés par les premiers albums de groupes et d’artistes. Peu importe qu’ils l’aient composé en deux mois ou cinq ans, Seul compte cet inconnu coincé entre talent et contexte social, mystérieux acteur arbitraire. C’est pour lui que crie et s’égosille parfois Ben George. Pour lui demander d’exister encore un peu plus longtemps.