Cats And Cats And Cats

Contrainte économique ou choix artistique du label Big Scary Monsters, Cats and Cats and Cats et This Town Needs Guns se voient rassemblés au sein d'un seul et unique album pour ce qui constitue leur plus importante sortie à ce jour. Quatre titres chacun, soit huit au total pour quarante minutes de post-rock dont les nombreuses nuances sont ici abordées sans complexes.

Chez les premiers nommés, post-rock rime avec modernisme, alternance entre des plages rythmées et d'autres plus atmosphériques, influences math-rock et partage du chant entre le pôle masculin représenté par Ben George et l'unique membre féminin de la formation qu'est la violoniste Eve. L'écoute en parallèle de leurs précédentes productions, de l'EP Victorialand au mini-album Sweet Drunk Everyone, offre ainsi une vision panoramique de l'évolution suivie par ces jeunes adultes dont les influences ne sont peut-être pas à l'heure actuelle totalement digérées, mais simplement réinterprétées ou disséquées sans être analysées ou maîtrisées intégralement.
Les tentatives d'innovation sont malgré tout nombreuses et le plus souvent intelligentes. Les claviers s'invitent ainsi aux cotés de parties de guitare dynamiques et tortueuses sur Brilliant The Brilli Ant, l'accordéon en accompagnement du final en forme de chorale de Tower Tower, alors que la trompette se place discrètement en fond sonore dès l'introduction de Anchoress avant qu'un piano des plus classiques ne viennent provoquer une rupture marquant l'arrivée des guitares et un jeu vocal entre les différents acteurs... les exemple sont nombreux et permettent donc d'offrir une certaine diversité brisant la monotonie parfois inhérente au genre.

Chez les seconds nommés, le post-rock proposé semble plus conventionnel avec des mélodies limpides et fluides, les habitudes étant à peine bousculées par un piano parfaitement intégré à dose homéopathique mais aussi discret et judicieusement utilisé. Les qualités vocales de Stuart Smith sont réelles et à l'évidence plus naturelles que celles entrevues durant les quatre premières compositions que compte le disque, rendant en conséquence l'écoute plus captivante et la comparaison flatteuse pour This Town Needs Guns.
Mais qui dit cohérence ou continuité dit aussi parfois ennui ou sentiment de répétitivité. Les titres du combo d'Oxford peinent à se différencier les uns des autres, ce qui, même si la qualité du travail fourni est appréciable, constitue un handicap sur la durée. L'influence du jazz perçue à travers le piano apporte quand à elle une certain vent de fraîcheur que Radiohead n'auraient pas renié, notamment sur If I Sit Maybe I'll Make It Out Of Here tandis que c'est dans un déluge de décibels que It's Not True Rufus, Don't Listen To The Hat ferme la marche.

Pari réussi pour Cats and Cats and Cats et This Town Needs Guns, lesquels ont chacun su faire étalage sur une poignée de titres de l'éventail de leurs possibilités actuelles.