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The Vaselines

Sex With An X

The Vaselines - Sex With An X
Chronique Album
Date de sortie : 13.09.2010
Label : Sub Pop/PIAS France
45
Rédigé par Chloé Thomas, le 11 septembre 2010
Glasgow, 1986. Le punk n'est pas tout à fait mort, et son esprit amateur énervé est porté par une flopée de jeunes adultes pas plus musiciens que ça mais bien décidés à faire du bruit sans trop se prendre au sérieux. Parmi eux, Eugene Kelly et Frances McKee, avec The Vaselines Entre la new wave dense et sombre de Jesus & Mary Chain, et la twee ironique de Belle & Sebastian, ils trouvent naturellement leur place dans la scène écossaise avec quelques titres entraînants d'un post-punk bien rythmé et faussement sombre. En 1989, ils sortent un premier album, Dum Dum, se séparent dans la foulée et vont vivre leur vie chacun de leur côté, collaborant à diverses formations. Kurt Cobain écoute l'album, aime, reprend quelques titres (le sublime Jesus Doesn't Want Me For A Sunbeam du MTV Unplugged, c'est eux) et leur évite ainsi l'oubli. Quoi qu'on en dise, ce n'est pas tout à fait assez pour créer un mythe Vaselines, mais leurs chansons continuent d'exister parmi les connaisseurs.

Leur reformation récente aura donc fait moins de bruit que celle des Libertines, et pour la sortie de leur deuxième album, plus de vingt ans après le premier, ils n'ont pas réellement entretenu l'attente. Mais on aurait vraiment tort de s'en priver.
Le disque commence avec une comptine chantonnée par la voix mal assurée d'un enfant : super creepy. Quelques secondes plus tard, le titre débute vraiment : ligne de basse énergique, rythme dense, chant énervé... on commence à comprendre l'esprit du duo, cet espèce de deuxième degré quasi permanent, l'humour avec lequel ils composent, dans ce qu'il faut bien appeler un vrai esprit rock. A chaque chanson, on a d'abord envie de se dire « oh yeah ».
Semblant parodier les adolescents qu'ils ont été, ou peut-être les wannabes d'aujourd'hui qui crient leur mal-être en taquinant leur gratte avec toute la médiocrité du monde, ils parlent de sexe et d'interdits avec la même ironie qui transparaît dans le titre de l'album. Ainsi les paroles ont bien quelque chose du songwriting de Belle & Sebastian (groupe auquel ils empruntent d'ailleurs un guitariste), mais l'enrobage est bien plus punk que pop. Ils osent même chanter « the eighties were shit » dans une sorte d'auto-dérision qui ne vire jamais à l'amertume.

A entendre la voix cristalline de McKee, on se dit qu'elle aurait pu jouer du Garbage. En réalité, c'est beaucoup plus drôle, comme du Garbage qui se moquerait de lui-même. Le duo fonctionne à merveille, avec deux voix très pop mais qui, mises côte à côte, forment un ensemble résolument rock, de ballades new wave (Whitechapel, vraiment superbe, qui rappelle Joy Division) en plages sombres à la Black Rebel Motorcycle Club (The Devil's Inside Me). L'album se termine par un Exit The Vaselines répondant à la compilation de 1992, Enter The Vaselines, laquelle, après que Nirvana les eut révélés au grand public, réunissait tous leurs titres. Le titre signe le je-m'en-foutisme réjouissant d'un groupe qui visiblement cultive l'amateurisme pour se concentrer sur le plaisir ludique du jeu, de la mise en scène, comme les vrais post-ados qu'ils sont.

Sex With An X est l'album le plus rock de l'année. Qu'il soit le fait de quinquas aux airs légèrement BCBG sur leurs photos promo est révélateur. Il n'empêche, c'est un réservoir de tubes sacrément efficaces. Oh yeah.
tracklisting
    1. Ruined
  • 2. Sex With An X
  • 3. The Devil Inside Me
  • 4. Such a Fool
  • 5. Turning It On
  • 6. Overweight But Over You
  • 7. Poison Pen
  • 8. I Hate the ‘80s
  • 9. Mouth to Mouth
  • 10. Whitechapel
  • 11. My God’s Bigger Than Your God
  • 12. Exit The Vaselines
titres conseillés
    The Devil's Inside Me, I Hate The 80s, Whitechapel
notes des lecteurs
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