Chronique Album
Date de sortie : 16.08.2010
Label : RCA
Rédigé par
Aurélien, le 13 septembre 2010
On avait la fâcheuse impression de les avoir quittés seulement hier, éventuellement à cause du matraquage radiophonique flagrant de certains de leurs premiers titres qui résonnaient encore, à tord ou à raison, au fond de nos fragiles oreilles, que revoilà déjà les anglais du groupe The Hoosiers, avec dans leurs poches le successeur de l’omniprésent The Trick To Life.
Celui-ci, sorti il y a déjà trois ans de cela, faisait figure de petit ovni musical dans l’univers de plus en plus stéréotypé de la pop britannique. Un chanteur déroutant à la voix haute perchée, des mélodies à n’en plus finir, des titres accrocheurs, tantôt motivants, tantôt déprimants, tous les ingrédients étaient réunis pour combler le plus grand nombre d’auditeurs. On se souvient évidemment de façon indélébile des Worried About Ray, Goodbye Mr A, ainsi que des Run Rabbit Run et A Sadness Runs Through Him pour les plus mélancoliques d’entre nous, tournant en boucle sur de nombreuses ondes pour les premiers cités, ou sur nos platines pour les deux autres, souvent jusqu’à l’écoeurement.
Ainsi, la mémoire toujours aussi fraîche au sujet de ce que pouvait ressembler le son estampillé The Hoosiers, on accueille le nouveau venu, intitulé The Illusion Of Safety, d’un côté avec envie et de l’autre avec retenue. Bien nous en a pris, car il en faut, de la retenue, pour apprécier le dernier opus des anglais qui, il semblerait, ont décidé de capitaliser sur leur succès passé pour toucher cette fois-ci un public toujours plus large, se laissant visiblement formater par l’industrie en délaissant les pointes d’originalité créatrices qui faisaient le charme de leurs débuts, en échange d’une pop fade et agaçante.
En effet, les arrangements simplistes se font légion et l’écriture se veut visiblement facile. On pense aux violons aériens en guise de fond sonore sur le très pompeux Who Said Anything (About Falling In Love)?, à l’apparition quasi récurrente de claviers désuets et ringards sur des morceaux tels que Choices et Unlikely Hero, premier et deuxième single, ou encore à l’emploi de mélodies prêtes à l’emploi comme sur Bumpy Ride ou Glorious. Bref, que de fautes de goût pour cet album qui accumule les points négatifs.
Dès lors, au final, dur constat pour les trois membres de The Hoosiers qui semblent vouer à séduire une nouvelle catégorie d’auditeurs aux goûts peu difficiles, condamnant la volonté la plus farouche de nombreux adeptes de la première heure avec ce deuxième effort « artistique », sans autre ambition que de truster le classement fort provisoire et précaire du meilleur single britannique de la semaine.
En espérant farouchement le groupe récupérable, on ne condamnera toutefois pas entièrement la formation. Cette dernière chance, on la doit simplement à l’un des douze titres au nom diabolique : Devil's In The Detail. Surprenant, magique, tout en subtilité, ce dernier brouille les cartes et laisse envisager de nouvelles pistes à suivre pour ce qui sera, on en est sûr, la renaissance prochaine des The Hoosiers.