Manic Street Preachers

Après un neuvième album studio en demi-teinte, Journal For Plague Lovers, paru l’an passé, le trio gallois se propose de redresser la barre et reprendre le cap des réalisations précédentes par le biais de douze nouvelles compositions. Las, le défi nous paraît d’autant plus difficile à relever que l’on n’attend plus grand-chose du combo qui écume le microcosme du rock indépendant britannique depuis deux décennies, sans avoir véritablement fait preuve d’inventivité durant les dernières années.

S’inscrivant dès les premières mesures dans une veine bien plus pop que ses deux prédécesseurs et surtout l’électrique Send Away The Tigers, Postcards From A Young Man joue d’emblée la carte de la nostalgie et de la mièvrerie avec deux titres qui s’inspirent de la période de deuil de la formation intervenue après la disparition du quatrième membre, illustrée par le mou du genou Everything Must Go. En effet, depuis les accents dégoulinant d’un miel mélancolique de (It’s Not War) Just The End Of Love jusqu’à la version pop à souhait de A Design For Life que n’est ni plus ni moins le titre du nouvel opus, on nourrit quelques inquiétudes quant à l’intérêt que présente ce dixième album studio. Et ce n’est pas le très convenu et prévisible Some Kind Of Nothingness où fait bien pâle figure un Ian McCulloch plus asmathique que jamais qui peut nous rassurer.

Par bonheur, quelques-unes des chansons suivantes sauvent un peu la galette du naufrage en proposant des mélodies un tantinet plus pêchues, à l’image d’un tonique The Descent (Pages 1 & 2) et d’un débridé et percutant A Billion Balconies Facing The Sun, cette dernière représentant la composition la plus réussie. Pour le reste, si l’on ne boude pas notre plaisir avec les classiques Don’t Be Evil et The Future Has Been Here 4 Ever, on ne parvient jamais véritablement à vibrer comme par le passé, comme si la formation nous apparaissait usée et fatiguée. Cette même formation qui, ô ironie du sort, juste après la parution de son extraordinaire premier album en 1992, assénait à la presse spécialisée que celui-ci serait aussi leur dernier, puisque le groupe s’inscrivait dans une authentique démarche rock.

Pas vraiment indispensable ni pour autant raté, Postcards From A Young Man n’est que la énième production d’un groupe qui s'essouffle au fil des ans et qui peine à retrouver la fraîcheur et peut-être la rage des débuts.