Duffy

Duffy, la galloise à la voix nasillarde façon Dolly Parton et au single Mercy qui fut imparable en 2008, revient ce mois-ci avec son nouvel album et le titre phare que l'on entend sur toutes les ondes depuis quelques semaines Well, Well, Well. Si un second album est très souvent décisif pour une carrière et accouché dans des conditions parfois difficiles et des questionnements incontournables quand le premier fut une réussite, Duffy semble avoir réalisé l'exploit de publier un second opus réussi.

Comme la plupart de ses compatriotes musicaux Kelly Jones, Tom Jones ou encore James Dean Bradfield, Duffy possède une voix reconnaissable dès les les premières paroles et un son bien à elle. Nominée en 2008 pour les Brit Awards du meilleur single pour Mercy et du fameux « breakthrough act » (ou meilleur nouveau groupe) et gagnante de celui de meilleur album pour Rockferry en 2009, Duffy, adepte d'un son très early sixties, ne change donc pas de direction sur Endlessly mais essaye par touches d'y instiller des sonorités moins datées.
Dès la couverture de l'album, Duffy interroge avec un look à la Lindsay Lohan qui se rachèterait une conduite en jouant dans une version moderne de Grease , petit pull framboise et couettes innocentes. Mais la fille de Bangor n'est pas la bad girl du cinéma américain et son style de petite fille sage correspond tout à fait à l'image positive et un peu naïve que l'on a tous des années de l'après-guerre.
Duffy a engrangé tout ce que l'Angleterre et les Etats-Unis ont pu produire dans les années 60 en soul, northern soul et rhythm and blues, et nous donne ici à écouter l'un des meilleurs albums de l'année... 1964. Il y a fort à parier que la demoiselle aurait gagné les prix du Melody Maker à l'époque. L'album semble fait pour les amoureux des swinging sixties et d'une certaine vision de l'Angleterre en pleine frénésie Beatlemanique. Si vous êtes encore ce week-end à errer de magasins en centres commerciaux bondés et marchés de Noël inintéressants, jetez vous sur Endlessly, vous ne devriez pas décevoir.

L'album s'entame avec My Boy , un titre qui se veut enregistré dans les conditions du live avec un son très pop électro 1980s. Sympathique, léger, mais finalement peu intéressant au regard de la suite de l'album qui prouve à nouveau que la voix de Duffy se marie beaucoup mieux aux titres soul que sont Too Hurt To Dance, Don't Forsake Me Baby, le titre éponyme Endlessly, Breath Away et le magique et magnifique - certainement le plus beau titre de l'album - Hard For The Heart.
Chacun de ces titres rappellera d'une façon ou d'une autre le fameux Stay With Me Baby popularisée par Lorraine Ellison en 1964 et repris par Duffy sur la bande originale de Good Morning England. Avec des touches de piano, de violon, leurs batteries langoureuses, on peut facilement s'imaginer les Moody Blues aux commandes. Malgré tout, Duffy s'est aussi essayé à d'autres sonorités sur Keeping My Baby, Love Struck et Girl sonnant tout à la fois disco, club néo mod de Wigan et pop MTV. Un pari réussi puisqu'elle parvient à rajeunir l'ensemble et à convaincre les réfractaires des sons vintage.

Avec Endlessly, Duffy nous prouve à nouveau que l'on peut faire de la pop comme il y a cinquante ans : joyeusement et naïvement. A la veille d'entamer la seconde décennie du vingt et unième siècle, il était certainement bon de rappeler que la simplicité en musique peut faire mouche.