The Others

Annoncés (comme toujours très précipitamment!) par la presse anglaise comme «the next big thing» de ce début d’année 2005, ce premier album éponyme de The Others s’avère une assez bonne découverte même si l’on comprend une fois de plus assez mal, vu de France, l’engouement énorme qui les entoure actuellement en Grande Bretagne.

Dès l’année dernière, les Others s’étaient fait remarqués par deux singles très simples mais au final assez irrésistibles qui se trouvent être les pièces maîtresses de cet album: l'excellente Stan Bowles et son intro rappelant un peu le gros buzz du moment (Bloc Party) révèle pourtant déjà l’identité propre du groupe puisque le son des Others apparaît immédiatement comme plus brut, moins net et donc plus punk dans la forme comme dans l’esprit.

L’effet s’avère encore plus flagrant grâce à la ritournelle basique de This Is For The Poor : entièrement basée sur deux accords joués en arpège à la basse, cette chanson faussement rebelle («This is for all you kids who have to leave your schools» ouais bon…), clairement naïve mais bigrement efficace fut reçue cinq sur cinq par les kids britanniques (dès sa sortie en single en mai 2004) qui vouèrent dès lors un énorme culte aux Others (l’énergique Community 853, présente également sur le disque, est d’ailleurs la preuve manifeste de la loyauté réciproque entre les membres du groupe et leur noyau dur de fans).

Un troisième single détonnant (Lackey) judicieusement placé en ouverture d’album risque de fédérer encore un peu plus («I don’t want to be a lackey in a job that doesn’t pay / I don’t have to listen to you today » ouais bon deuxième…) alors qu’une excellente chanson finale apparaît comme l’une des plus mature et intéressante par son coté sombre et agressif (Darren, Daniel, Dave).
Que dire du reste de l’album? Pour résumer : sympa mais anecdotique…

La plupart des morceaux ont exactement la même structure : démarrage de la basse (énorme sur Southern Glow, poussive sur In The Background) ou de la batterie (toujours poussive quand à elle! que ce soit sur Psychovision ou Almanac) rapidement rejoints par un riff simpliste de guitare puis par la voix de canard de Dominic Master (quel nom!) toujours à la limite du faux (ou du juste sans jamais vraiment y parvenir si vous préférez).
Comme les paroles ne volent pas très haut, l’ensemble peine franchement à décoller et ce ne sont pas les trois «pop-songs» plus (Johan) ou moins (William, How I Nearly Lost You) réussies qui peuvent apporter le petit plus de crédibilité qui fait cruellement défaut aux quatre londoniens.

Difficile de se faire un avis tranché sur ces Others tant ce premier album apparaît comme clairement articulé autour de trois ou quatre singles très efficaces et malheureusement remplit de chansons pop-punk écoutables mais sans âme qui les font finalement passer pour des Libertines «for the poor»…
La tâche est d’autant moins évidente pour les français qui vont les découvrir avec ce disque puisque le point fort des Others semble être clairement la débauche d’énergie qu’ils délivrent sur scène (et notamment lors de leur spécialité: les «guérilla gigs» qui consistent à débarquer lors d’un concert d’un autre groupe et de commencer à jouer leurs propres chansons!).
Mais à l’écoute de cet album, on se demande sincèrement si l’engouement britannique actuel n’est pas plus du à la personnalité «destroy» du chanteur Dom Masters (amateur de drogues en tout genre et pote de Pete Doherty) qu’à la qualité intrinsèque de ce premier disque sympathique mais très inégal.